Intérêt de l’IRM cérébrale dans les exotropies précoces - 03/06/08
C. Baeteman [1],
D. Denis [1],
C. Loudot [1],
E. Toesca [1],
J. Bronsard [1],
C. Benso [1],
C. Fogliarini [1],
E. Hadjadj [1],
S. Antoniotti [5],
B. Chabrol [2],
J. Mancini [3],
N. Girard [4]
Voir les affiliationsIntérêt de l’IRM cérébrale dans les exotropies précoces |
Introduction : L’exodéviation précoce est un strabisme divergent qui apparaît du premier mois de la vie à la deuxième année. Elle peut être isolée ou associée à un contexte pathologique nécessitant alors une imagerie cérébrale à visée diagnostique et pronostique. Le but de cette étude est de rapporter le résultat de l’IRM dans l’exodéviation précoce.
Patients et méthode : Quarante-sept enfants avec exodéviation précoce ont eu un bilan ophtalmologique complet (acuité visuelle, vision binoculaire, réfraction sous cycloplégique, fond d’œil) et une IRM cérébrale (moyenne d’âge de réalisation : 16 mois). La déviation a été classée en : « inférieure à 4 degrés », « comprise entre 4 et 10 degrés », « comprise entre 10 et 20 degrés », et plus de 20 degrés. » L’examen clinique a relevé l’ensemble des anomalies ophtalmologiques et générales associées. Les résultats de l’IRM ont été classés en : anomalies de la substance blanche, dilatation des espaces sous-arachnoïdiens et de Virchow Robin, anomalies de substance grise, dilatation ventriculaire, anomalie morphologique du corps calleux et du septum pellucidum, dysgénésie vermienne cérébelleuse et du tronc cérébral, tumeurs et kystes arachnoïdien.
Résultats : Il existait une corrélation statistiquement significative entre l’importance de la déviation strabique et les anomalies retrouvées à l’IRM. Parmi les patients, 76,6 % présentaient un désordre ophtalmologique associé : nystagmus, position vicieuse de la tête, torticolis, paralysie oculo-motrice, ptosis, amblyopie, syndrome de Stilling Duane, d’albinisme, cataracte congénitale et rétinite pigmentaire. Les anomalies papillaires étaient nombreuses (38,3 %). Un contexte pathologique général associé était retrouvé chez 61,7 % : dysmorphie faciale, plagiocéphalies, convulsions, anomalies chromosomiques, dyspraxie oculo-motrice, retard psychomoteur. Tous avaient une IRM anormale dans ce groupe. Sur l’ensemble des enfants, 27,7 % sont nés prématurément et 31,9 % ont eu une souffrance fœtale et néonatale. Seuls trois patients présentaient une exotropie isolée. Trente-quatre imageries soit 72,3 % des IRM étaient anormales. Les pathologies de la substance blanche et de la substance grise représentaient respectivement 61,8 % et 41,2 % des anomalies. Il existait 17,6 % d’anomalie morphologique du corps calleux.
Conclusion : Cette étude met en évidence l’existence d’un contexte clinique pathologique et montre l’apport fondamental de l’IRM cérébrale dans l’exodéviation précoce.
Primary exotropia: importance of cerebral MRI |
Introduction: Primary exotropia is a divergent strabismus that appears from the first day of life to the second year. It can be isolated or associated with a pathological context requiring cerebral imaging to determine diagnosis and prognosis. The objective of this study was to report the sensorimotor state and the result of MRI in infantile exotropia.
Patients and method: Forty-seven children with primary exotropia had a complete ophthalmologic assessment (visual acuity, binocular vision, refraction with cycloplegia, eye fundus) and cerebral MRI (average age, 16 months). Deviation was classified into four categories <4 degrees, 4<10 degrees, 10<20 degrees, 20 degrees. MRI results were classified into seven categories: white matter abnormalities (gliosis, delay of maturation, periventricular leukomalacia, aspecific hyperintense signal, and necroses); Virchow-Robin enlargement space and enlarged subarachnoid space; gray matter abnormalities (necroses, cerebral atrophy, occipital cortex, basal ganglia); ventriculomegaly; thin corpus callosum; cerebellar injury; and tumor.
Results: There was a statistically significant increase in the rate of pathological MRI as the angle deviation increased: 76.6% of patients had a pathological ophthalmologic exam (amblyopia, ptosis, head posture, Duane’s syndrome, cataract, albinism, or pigmentary retinopathy). We found 38% nystagmus and 38% optic nerve hypoplasia. There was a real pathological context in 61.7% of the exotropia cases: 27.7% prematurity, 31.9% fetal distress, 21.3% facial dysmorphy (plagiocephaly), 12.8% psychomotor delay, and 14.9% epilepsy. Only three children had isolated exotropia. Thirty-four cerebral MRI (72.3%) were not normal. In pathological MRI, there was 61.8% white matter injury, 41.2% gray matter injury, and 17.6% thin corpus callosum.
Conclusion: This study demonstrates the fundamental contribution of cerebral MRI in infantile exotropia. The greater the deviation, the more abnormal the MRI results are. The pathological context and ophthalmological abnormalities are important in infantile exotropia.
Mots clés :
Strabisme précoce
,
exotropie
,
IRM cérébrale
Keywords: Strabismus , primary exotropia , magnetic resonance imaging
Plan
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Vol 31 - N° 3
P. 287-294 - mars 2008 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.