Le sorafénib est un médicament anticancéreux de type anti-angiogénique indiqué dans le traitement du cancer du rein métastatique et de l’hépatocarcinome. Ses effets indésirables cutanés sont particulièrement fréquents, à type d’éruption, de syndrome mains-pieds, d’alopécie, de prurit, de peau sèche et d’érythème. Nous rapportons un effet indésirable cutané peu décrit jusqu’à présent, la survenue de kératoacanthomes multiples éruptifs. À partir de la littérature sur les kératoacanthomes induits par des médicaments, nous discutons le mécanisme physiopathologique à l’origine de cette tumeur cutanée.

Un homme de 64 ans recevait un traitement par sorafénib pour un carcinome rénal métastatique. Trois semaines après le début du traitement se développaient, sur le visage, les oreilles, les avant-bras et les cuisses, des nodules en forme de dôme creusés d’un cratère central kératosique, évocateurs de kératoacanthomes éruptifs. L’histologie confirmait ce diagnostic. La bonne efficacité du traitement anti-angiogénique et la gêne mineure occasionnée par ces lésions ont incité à poursuivre le sorafénib. Trois semaines après la fin du traitement, toutes les lésions avaient disparu et le patient avait retrouvé une peau saine.

L’étiopathogénie des kératoacanthomes éruptifs est encore imprécise, mais certains cas ont été associés à une altération de l’immunité, une exposition solaire, une exposition à des agents carcinogènes, une infection virale, une prédisposition génétique ou une radiothérapie. Peu de kératoacanthomes induits par des médicaments ont été décrits. Certains traitements immunosuppresseurs ont parfois été impliqués. D’un point de vue physiopathologique, le sorafénib pourrait posséder une activité immunosuppressive à l’origine du développement de lésions cutanées telles que les kératoacanthomes et les nævus éruptifs.

Sorafenib has been approved for use in the treatment of metastatic renal cell carcinoma. Cutaneous side-effects are common, including rash, hand-foot syndrome, alopecia, pruritus, dry skin and erythema. We report an original unexpected cutaneous effect: multiple keratoacanthomas. In the light of a literature review of drug-induced keratoacanthomas, we discuss the potential underlying physiopathological mechanism.

Three weeks after starting treatment with sorafenib for metastatic renal cell carcinoma, a 64-year-old man developed skin lesions on the face, ears, forearms and thighs having the appearance of dome-shaped nodules with central keratotic cores. Eruptive keratoacanthomas were suspected and were in fact confirmed by histology. Thanks to effective antiangiogenic treatment and the mild discomfort of the keratoacanthomas, sorafenib could be continued. Three weeks after the end of treatment, all lesions had regressed and the patient’s skin returned to normal.

Although the precise aetiology is unknown, the development of eruptive keratoacanthomas is associated with impaired immunity, sun exposure, viral infection, genetic predisposition, radiation therapy and exposure to chemical carcinogens. A few cases of drug-induced keratoacanthomas have been described in the literature and certain immunosuppressant drugs have been implicated. This case suggests that the novel antineoplastic agent sorafenib has a complex activity that, in addition to tyrosine kinases inhibition, includes an immunosuppressant mechanism that can occasionally cause skin lesions.