L'ostéomyélite chronique de la main est rare. La localisation aux métacarpiens n'en représente que 3 %. Elle touche souvent un seul os. Nous rapportons une observation d'une ostéomyélite chronique de deux métacarpiens et faisons une revue de la littérature.

Observation. - M. Z.B, 41 ans, suivi pour un rhumatisme psoriasique depuis cinq ans, a été hospitalisé pour une tuméfaction du dos de la main gauche. À l'admission, le patient était en bon état général, apyrétique. L'examen ostéoarticulaire a noté une tuméfaction du dos de la main gauche avec une synovite de la cheville droite. Le rachis et les sacro-iliaques étaient normaux. L'examen cutané a noté un psoriasis cutané au niveau des mains et des coudes. La vitesse de sédimentation était à 110 mm à la première heure, la CRP à 48 mg/l et les leucocytes à 9600/mm³. La radiographie des mains a montré « un aspect d'os dans l'os » des 2^e et 3^e métacarpiens gauches et une carpite homolatérale. L'échographie a mis en évidence une collection du dos de la main dont la ponction a retiré des sérosités, stériles à l'examen direct et à la culture. La recherche de tuberculose et la sérologie VIH étaient négatives. La tomodensitométrie a objectivé une importante réaction périostée engainante des diaphyses des 2^e et 3^e métacarpiens encerclant des séquestres osseux, un remaniement de la trame osseuse des os du carpe et un épaississement des parties molles par épanchement articulaire. Le diagnostic d'ostéomyélite chronique des métacarpiens a été retenu. Le traitement a consisté en une biantibiothérapie à visée antistaphylococcique et une séquestrectomie, dont l'histologie était non spécifique. Après trois mois de traitement, l'évolution a été favorable sur le plan clinique, biologique et radiologique.

Conclusion. - L'ostéomyélite chronique des métacarpiens est très rare. Notre observation en illustre un aspect particulier au niveau de deux métacarpiens. L'amélioration du pronostic de cette atteinte invalidante aussi bien sur le plan fonctionnel que socioéconomique, passe par un diagnostic et une prise en charge thérapeutique précoces.

Chronic osteomyelitis of the hand is uncommon and affects the metacarpals in only 3% of cases. We report a case of chronic osteomyelitis involving two metacarpals, and we present a review of the relevant literature.

Case-report. - A 41-year-old man with a 5-year history of psoriatic arthritis was admitted for a swelling over the dorsum of the left hand. At admission, he was in good general health and had no fever. In addition to the swelling, he had synovitis of the right ankle and psoriasis over the hands and elbows. The spine and sacroiliac joints were normal to physical examination. The erythrocyte sedimentation rate was 110 mm/h, the C-reactive protein level was 48 mg/L, and the leukocyte count was 9600/mm³. A radiograph of the hands disclosed a bone-within-bone image in the second and third metacarpals of the left hand and arthritis of the left carpal joints. A fluid collection over the dorsum of the left hand was visualized by ultrasonography. Aspiration recovered serous fluid that contained no organisms by microscopic examination or culture. Investigations for tuberculosis and a serological test for HIV infection were negative. Computed tomography showed a florid periosteal reaction encasing the diaphyses of the second and third metacarpals and enclosing bony sequestra; abnormal carpal bone architecture and thickening of the soft tissues related to joint effusions were seen also. The diagnosis was chronic osteomyelitis of the metacarpals. Two antimicrobials active against staphylococci were given and the bony sequestra were removed surgically histological examination of the operative specimens showed nonspecific osteitis. After three months of treatment, the outcome was favorable.

Conclusion. - Chronic osteomyelitis of the metacarpals is exceedingly rare but results in severe functional incapacitation and major social and economic burdens. Our case illustrates an unusual pattern with involvement of two metacarpals in the same hand. An early diagnosis followed by prompt treatment increases the likelihood of a favorable outcome.