L’huile de nigelle est classiquement utilisée pour ses nombreuses vertus médicinales, notamment dans le domaine de l’allergie. Nous rapportons le cas original d’une éruption bulleuse liée au contact avec l’huile de nigelle, avec participation probable d’une réaction systémique liée à son absorption.

Une femme de 53ans était hospitalisée pour une éruption fébrile à type de placards érythémateux associés à des vésicules et des bulles. Depuis deux semaines, elle ingérait et appliquait, par massage, de l’huile de nigelle au niveau des zones atteintes. La biopsie cutanée montrait un décollement sous-épidermique et une nécrose du toit de l’épiderme compatibles avec des lésions du spectre érythème polymorphe – nécrolyse épidermique toxique. L’évolution était lentement favorable, avec persistance de lésions dépigmentées à trois mois. Les patch-tests à l’huile de nigelle étaient fortement positifs.

Le diagnostic d’érythème polymorphe de contact à l’huile de nigelle a initialement été posé devant la localisation des lésions sur les zones d’application de l’huile, leur aspect clinique et histologique et la positivité des patch-tests. Mais un passage systémique de l’huile a pu contribuer à la réaction, d’autant que la patiente en avait aussi ingéré. Le diagnostic le plus probable nous paraît donc celui de toxidermie bulleuse systémique et de contact à l’huile de nigelle. La découverte de nouvelles propriétés de l’huile de nigelle dans différentes spécialités médicales imposera une vigilance particulière lors de son utilisation future, en raison du risque de toxidermie sévère.

Nigella sativa is classically used for its various therapeutic properties, particularly in the field of allergic diseases. We report a case of bullous eruption following application of Nigella sativa oil to the skin, possibly involving an associated systemic mechanism linked to ingestion of the oil.

A 53-year-old woman was hospitalized for febrile rash consisting of erythematous plaques with vesicles and bullous lesions. She had Nigella sativa oil applied to her skin and ingested it for two weeks. Cutaneous histopathology revealed sub-epidermal detachment and necrosis of the epidermal surface consistent with toxic epidermal necrolysis. The lesions healed slowly, but depigmented macules persisted three months later. Patch tests for Nigella sative oil were strongly positive.

Erythema multiforme due to contact with Nigella sativa oil was initially diagnosed on the basis of lesions on skin where the oil was applied, as well as on cutaneous histopathology and positive patch tests. However, a systemic reaction such as toxic epidermal necrolysis could not be ruled out since the patient had also ingested the oil. The most likely diagnosis was thus systemic and contact bullous drug eruption. The discovery of new therapeutic properties of Nigella sativa in other clinical domains underscores the need for particular vigilance regarding future use of this substance on account of the risk of severe drug eruptions.