Lymphome B cutané centro-folliculaire après dix ans de traitement par etanercept - 24/11/14
Résumé |
Introduction |
Les traitements ciblant le tumor necrosis factor alpha (anti-TNFα) ont révolutionné la prise en charge des patients atteints de pathologies auto-immunes et inflammatoires. Si la iatrogénie des anti-TNFα est dominée par le risque infectieux, il existe des manifestations cutanées auxquelles les dermatologues doivent être sensibilisés. Nous rapportons le premier cas de la littérature de lymphome B cutané des centres folliculaires survenu après dix ans de traitement par etanercept.
Observations |
Une patiente de 25ans consultait pour l’apparition depuis juin 2013 d’un nodule érythémato-violacé de 30×19mm du cuir chevelu. Cette patiente était traitée par etanercept 10mg/semaine depuis 10ans pour une arthrite chronique juvénile. Le reste de l’examen ne montrait pas d’autres lésions cutanées ni d’adénopathies. L’histologie cutanée montrait un infiltrat lymphocytaire dermique nodulaire et diffus composé de cellules B exprimant CD20, Bcl6 et très faiblement le Bcl2 en immuno-histochimie, compatible avec un lymphome B centro-folliculaire. Il existait un clone B en PCR par étude du réarrangement de la chaîne lourde des immunoglobulines. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien était normal. Le traitement par etanercept était arrêté en raison d’une rémission complète et durable de l’arthrite chronique juvénile. Un traitement par clobétasol était initié sur la lésion du cuir chevelu permettant une rémission clinique partielle. En cas de rémission incomplète un traitement par radiothérapie sera proposé.
Discussion |
Les manifestations cutanées observées sous anti-TNFα concernent essentiellement les infections, les réactions aux sites d’injection, les réactions anaphylactoïdes et plus rarement des réactions dites paradoxales comme les éruptions psoriasiformes, les vascularites et les dermatoses granulomateuses. Un risque augmenté de carcinomes cutanés est également rapporté. Dix cas de lymphomes cutanés, avec imputabilité possible mais non certaine, chez des patients traités par anti-TNFα sont décrits dans la littérature : mycosis fongoïde (n=4), lymphome T CD30+ (n=1), lymphome T CD8+ (n=1), syndrome de Sézary (n=1), lymphome T pléomorphe CD4+ (n=1), lymphome T sous-cutané de type panniculite (n=1), et leucémie/lymphome T HTLV1 de l’adulte (n=1). Trois cas sont survenus sous etanercept et concernent un lymphome T pléomorphe CD4+, un lymphome T sous-cutané de type panniculite et un mycosis fongoïde. Chez notre patiente, l’imputabilité de l’etanercept dans la survenue du lymphome B centro-folliculaire est suspectée bien que le rhumatisme inflammatoire soit lui-même un facteur de risque possible de lymphome.
Conclusion |
L’utilisation à long terme des anti-TNFα va de pair avec l’identification de nouveaux effets secondaires ce qui souligne la nécessité d’un suivi de cohortes observationnelles à long terme.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anti-TNF alpha, Etanercept, Lymphome B cutané
Plan
Vol 141 - N° 12S
P. S394 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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