Hyperpigmentation cutanée induite par le méropénème - 24/11/14
Résumé |
Introduction |
Le méropénème (Meronem®) est un antibiotique de la classe des carbapénèmes, rarement prescrit, surtout dans les infections respiratoires, ostéo-articulaires ou uro-génitales sévères. Des effets secondaires cutanés ont été rapportés à type d’exanthème, de prurit, d’urticaire et de syndrome de Lyell ou Stevens-Johnson. Nous rapportons le premier cas d’une hyperpigmentation cutanée noirâtre intense induite par le méropénème.
Observations |
Un homme de 67ans, aux antécédents de lichen érosif cutanéomuqueux, était traité par méropénème (Meronem® : 1g×3/j), lévofloxacine (Tavanic® : 500 mg×2/j) et amikacine (Amiklin® : 1200mg/j) pendant 2 semaines, relayés par méropénème, lévofloxacine et rifampicine (Rifadine® : 600 mg×2/j) pendant 4 semaines pour une ostéite du 5e métatarsien à Pseudomonas aeruginosa, Proteus mirabilis et Enterococcus faecalis. Trois semaines après le début de la tri-antibiothérapie, une pigmentation noirâtre des membres inférieurs, prédominant à la face antérieure des jambes, apparaissait sans éruption érythémateuse préalable, ni signes fonctionnels locaux. La biopsie cutanée révélait un dépôt du derme superficiel et moyen de topographie périvasculaire et interstitielle noirâtre colorés par le Fontana et le Perls. Par ailleurs, l’étude en microspectroscopie infrarouge permettait d’identifier la molécule de méropénème disposée au sein du derme, de façon superposable aux dépôts mis en évidence en histologie standard. Après arrêt des antibiotiques, la pigmentation régressait lentement (plusieurs mois).
Discussion |
Des cas similaires d’hyperpigmentation cutanée ont été rapportés après utilisation de minocycline (antibiotique de la classe des cyclines). Dans ces cas, l’analyse histologique retrouvait également des dépôts dermiques de fer et/ou de mélanine mais la nature du pigment responsable restait incertaine. Les hypothèses étaient soit des métabolites du médicament chélaté, soit des complexes insolubles mélanine/minocycline. Dans notre cas, l’analyse en spectroscopie infrarouge a permis de localiser la molécule responsable (méropénème) dans le derme. On soulignera que la minocycline et le méropénème ne font pas partie de la même classe d’antibiotiques et ne partagent pas d’excipient commun. L’hypothèse d’un lichen pigmentogène était écartée du fait de l’absence de poussée récente de lichen au niveau des membres inférieurs, d’une histologie non compatible, d’une régression spontanée de la pigmentation et enfin des résultats de l’analyse en spectroscopie infrarouge.
Conclusion |
Il s’agit à notre connaissance du premier cas d’hyperpigmentation noirâtre induite par le méropénème.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Hyperpigmentation, Méropénème, Toxidermie
Plan
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Vol 141 - N° 12S
P. S500 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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