Abstention et surveillance des CIN2 : une alternative à la conisation ? - 25/04/15
Résumé |
Introduction |
Les lésions de néoplasie intra-épithéliale cervicale de haut grade (HSIL) regroupent les dysplasies modérées (CIN2) et sévères (CIN3 ou carcinome in situ). Ces lésions sont habituellement traitées par conisation, aux conséquences obstétricales non négligeables. L’évolution des CIN2 diffère de celle des CIN3, avec un taux de régression spontanée de l’ordre de 50 % selon différents facteurs pronostics initiaux (âge, génotype HPV, nombre de quadrants cervicaux atteints, cytologie initiale). Ces arguments posent la question de savoir si la proposition d’une surveillance des CIN2 en alternative à la conisation est envisageable ?
Patientes et méthodes |
Il s’agit d’une étude de cohorte prospective, unicentrique de 2012 à 2014, incluant des patientes majeures et consentantes présentant une CIN2 histologiquement prouvée par biopsie cervicale. Les critères d’exclusion sont les antécédents de conisation ou d’immunodépression. À l’inclusion, un examen clinique avec colposcopie (nombre de quadrants cervicaux atteints, grade de transformation atypique, visualisation de la zone de jonction pavimento-cylindrique), un frottis cervico-utérin (FCU) avec cytologie en milieu liquide (Preservcyt®), un génotypage HPV (PCR Innolipa®) et une immuno-histochimie sur fragment de biopsie à la recherche de l’expression de la protéine p16 sont réalisés. Un suivi tous les 6mois est proposé comprenant un examen clinique avec colposcopie systématique, cytologie systématique et biopsie à visée histologique si nécessaire. L’évolution lésionnelle est classée en 4 catégories : rémission si normalisation du FCU de contrôle ; régression si FCU de contrôle ASC-US (atypie des cellules malpighiennes de signification indéterminée) ou LSIL (lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade) ou biopsie de contrôle CIN1 (dysplasie légère) ; persistance si FCU de contrôle ASC-H (atypie des cellules malpighiennes ne permettant pas d’exclure une lésion de haut grade) ou HSIL ou biopsie de contrôle CIN2 ; aggravation si biopsie de contrôle CIN3.
Résultats |
Vingt-cinq patientes d’âge moyen 30,5ans [23–41] sont incluses. Leur suivi moyen est de 14,7mois [5–39]. À la colposcopie initiale, 20/25 (80 %) lésions n’atteignaient qu’un ou deux quadrants, 13/25 (52 %) lésions étaient des transformations atypiques de grade 1, la zone de jonction pavimento-cylindrique était identifiée dans 24 sur 25 cas (96 %). À la cytologie initiale, 13/25 (52 %) étaient de type ASC-H (n=1) ou HSIL (n=12). En virologie, 16/25 (64 %) étaient des infections multiples à HPV. La prévalence d’HPV16 était majoritaire (n=13). Les HPV appartenant à la famille phylogénétique alpha 9 (HPV 16, 31, 33, 35, 52 et 58 tous à haut risque) étaient recensés dans 54 % des cas. Sur les 20 patientes ayant un recul>3mois, 14/20 (70 %) étaient en rémission (n=8) ou en régression (n=6), 5/20 (25 %) avaient une lésion persistante. Une seule patiente est devenue CIN3 (5 %). Le délai moyen de rémission-régression était de 7,8mois [3–20]. Sur les 6 patientes en persistance-aggravation, 5 (83 %) avaient un frottis initialement ASC-H/HSIL, alors que ce taux était de 36 % chez les 14 patientes rémission-régression (p=0,07). Le génotype d’HPV 16 ou 18 n’avait pas d’influence sur l’évolution des lésions.
Conclusion |
Le fort taux d’amélioration spontanée des lésions CIN2 semble justifier leur surveillance clinico-biologique régulière en alternative à la conisation systématique. La présence d’une cytologie initiale ASC-H ou HSIL tend à être un facteur de mauvais pronostic, l’effectif étant trop restreint pour en mettre d’autres en évidence.
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Vol 44 - N° 5
P. 483 - mai 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.