Actuellement, le rajeunissement facial repose sur le concept de rajeunissement global, naturel et tridimensionnel du visage, prenant en compte ses 4 composantes anatomiques (os, graisse, muscles et peau). L’analyse séméiologique du vieillissement facial se base sur une segmentation du visage et trois tiers – supérieur, moyen et inférieur – même s’il faut prendre en compte globalement le vieillissement facial. Les objectifs du traitement sont quadruples : la restauration des volumes faciaux, le rajeunissement du regard et celui de la région buccale et péribuccale, tout en respectant la dynamique faciale. Cette dernière considération est essentielle : elle permet à la fois l’identification et la correction des expressions négatives liées au vieillissement et le maintien du langage émotionnel du visage, gage de naturel des résultats obtenus grâce au plan de traitement.

Le vieillissement et les expressions faciales : corrélations anatomo-cliniques et expressions faciales négatives

Les modifications anatomiques liées au vieillissement peuvent être identifiées et analysées sémiologiquement étage par étage. Elles se combinent de manière variable selon les sujets et vont conférer au visage des expressions négatives dépendant de leur association (Fig. 1). Ces combinaisons dépendent en particulier du morphotype facial : schématiquement, un visage longiligne a plutôt tendance à se creuser, un visage bréviligne à se ptoser.

Les quatre éléments qui définissent les expressions négatives sont :

– la balance musculaire des dépresseurs par rapport aux élévateurs ;

– la perte des volumes liée à l’atrophie ;

– le relâchement des parties molles (ptose) ;

– l’aspect de surface (la peau).

Sur le plan de l’expressivité du visage, le vieillissement induit ainsi deux phénomènes :

– les plissements cutanés liés aux expressions répétées deviennent avec le temps permanents, figeant les expressions naturelles de l’individu ;

– le relâchement et la ptôse, associés au glissement et à l’atrophie des volumes graisseux et à la fonte du support osseux dessinent des expressions artificielles, simulant l’effet des muscles abaisseurs : sillons naso-géniens, plis d’amertume, vallée des larmes qui expriment tristesse, fatigue, amertume, sévérité.

L’analyse sémiologique

La séquence sémiologique d’analyse du vieillissement facial suit une démarche systématique, même si la perception du vieillissement est globale :

– Analyse des volumes du tiers moyen, pierre angulaire du traitement :

– Support osseux,

– Analyse des compartiments graisseux et de leur mobilisation lors de la dynamique faciale,

– Ptôse et modifications des volumes,

– Définition des sillons du tiers moyen : palpébro-malaire, médio-jugal et naso-génien,

– Analyse des rides jugales ;

– Analyse de la zone du regard :

– Examen du cadre osseux orbitaire (élargissement, rétrusion),

– Définition des rides d’expression (glabelle, front, pattes d’oie),

– Examen du sourcil : position, forme et volume,

– Examen des paupières : blépharochalasis ou creux palpébral supérieur, poches, cernes, jonction palpébro-malaire,

– Volumes périorbitaires : sus-orbitaires et temporaux,

– Statut cutané : relâchement ou atrophie, rides superficielles,

– Analyse de la zone du sourire ;

– Les lèvres : architecture labiale (ourlet, philtrum, volumes, commissures, contre-appui ostéodentaire postérieur), rides labiales ;

– Région périorale : plis d’amertume, sillons et rides mentonniers ;

– Analyse dynamique buccale et péri-buccale :

– Analyse de l’ovale du visage,

– Analyse des volumes latéraux des joues.

Ainsi, l’expert est capable de faire le lien entre les modifications anatomiques liées au vieillissement et l’identification des expressions négatives liées au vieillissement

Les implications thérapeutiques

La prise en compte de la dynamique faciale est capitale : il est nécessaire de corriger les expressions faciales inappropriées tout en préservant l’expressivité naturelle du visage.

Tiers moyen

L’harmonie des volumes est plus importante que le volume lui-même. Il s’agit de restaurer le volume tissulaire dans les deux compartiments graisseux : la partie fixe, à savoir le compartiment graisseux malaire profond et la partie dynamique mobile, à savoir la graisse malaire superficielle.

Si le site et la profondeur d’injection sont essentiels, les qualités rhéologiques de l’acide hyaluronique revêtent également une grande importance. En effet, pour préserver l’expressivité faciale, les produits injectés doivent s’adapter aux mouvements du visage de façon analogue aux tissus natifs.

Tiers supérieur

Le traitement du tiers supérieur du visage repose sur la toxine botulinique et sur des acides hyaluroniques (cernes, coussinet de Charpy).

La toxine botulinique ne doit pas rechercher la suppression complète de certaines expressions, au risque de figer la mimique et de brouiller la perception des émotions. L’injection des cernes nécessite des acides hyaluroniques faiblement hydrophiles, évitant les œdèmes et l’effet Tyndall.

Tiers inférieur

Les lèvres constituent l’élément central du tiers inférieur. L’objectif est d’harmoniser le volume labial, de rédéfinir l’ourlet, de retrouver la convexité et l’hydratation du vermillon. Dans la zone périorale, le traitement vise à combler les sillons, à corriger les zones d’ombre, à restaurer l’ovale et la convexité harmonieuse en statique et dynamique.

Pour le traitement de ces zones à forte mobilité, la rhéologie de l’acide hyaluronique est essentielle. Au repos, la propriété élastique de l’acide hyaluronique prédomine, avec un effet volumateur. En dynamique (sourire), c’est la propriété visqueuse qui prédomine évitant la résistance au mouvement, ce qui permet au produit de s’adapter aux mouvements des lèvres (empêchant l’effet « bec de canard »). Le respect de l’anatomie de la lèvre est un pré-requis à tout traitement, les qualités rhéologiques de l’acide hyaluronique doivent respecter le naturel du visage.