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Est-t-il prudent d’utiliser l’impédancemétrie corporelle bioélectrique pour évaluer le statut nutritionnel des patients porteurs d’un défibrillateur cardioverteur implantable ? - 16/06/16

Doi : 10.1016/j.nupar.2016.04.026 
A.-M. Makhlouf 1, , P. Meyer 2, L.P. Mondouagne Engkolo 2, F. Trentaz 2, R. Thibault 3, C. Pichard 1, H. Burri 2
1 Unité de nutrition, hôpitaux universitaires de Genève, Genève, Suisse 
2 Service de cardiologie, hôpitaux universitaires de Genève, Genève, Suisse 
3 Service d’endocrinologie, diabétologie et nutrition, CHU de Rennes, Rennes, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction et but de l’étude

L’impédancemétrie corporelle bioélectrique est une méthode recommandée pour mesurer la composition corporelle. L’évaluation nutritionnelle est essentielle chez les patients souffrants de maladies chroniques comme l’insuffisance cardiaque sévère à fraction d’éjection ventriculaire gauche réduite, souvent porteurs d’un défibrillateur cardioverteur implantable, car le risque de dénutrition est élevé. Les guidelines de l’ESPEN [1] déconseillent l’utilisation de l’impédancemétrie corporelle bioélectrique chez ces patients à cause des interférences électromagnétiques qui pourraient notamment provoquer des chocs inappropriés.

Matériel et méthodes

Durant 3 mois consécutifs, la composition corporelle a été mesurée par impédancemétrie corporelle bioélectrique utilisant un générateur/analyseur de courant (Nutriguard M, DataInput, Allemagne) à 800mAmp et 3 fréquences (5, 50, 100kHz) chez des patients ambulatoires venant contrôler leurs défibrillateur cardioverteur implantable. Les niveaux de sensibilités du défibrillateur cardioverteur implantable étaient réglés à leurs maximums pour maximiser le risque d’interférences électromagnétiques. Les thérapies du défibrillateur cardioverteur implantable étaient inactivées le temps de la mesure. L’électrogramme intracardiaque était surveillé en temps réel pour évaluer la présence d’interférences électromagnétiques durant la mesure par impédancemétrie corporelle bioélectrique.

Résultats

Ont été inclus 63 patients (54 hommes) porteurs de défibrillateur cardioverteur implantable (simple et double-chambre, biventriculaire) provenant des 5 fabricants principaux : Biotronik (n=11), Boston scientific (n=15), Medtronic (n=20), Sorin (n=4), et St-Jude (n=13). L’âge moyen était de 64,8±14,6ans, la fraction d’éjection ventriculaire gauche moyenne de 32,1±16,5 %. Quarante-trois pour cent étaient classés>2 pour la dyspnée selon la New York Heart Association. Le temps moyen depuis l’implantation du défibrillateur cardioverteur implantable était de 23,8±21 mois. Aucune interférence électromagnétique n’a été détectée par le défibrillateur cardioverteur implantable chez ces patients, et aucun artéfact n’était visualisé sur les électrogrammes.

Conclusion

L’ impédancemétrie corporelle bioélectrique peut être effectuée en toute sécurité chez les patients porteurs d’un défibrillateur cardioverteur implantable. Cela est un message important afin d’améliorer le dépistage et la prise en charge de la dénutrition chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque sévère, qui sont à haut risque nutritionnel. Les guidelines de l’ESPEN [1] concernant les modalités d’utilisation de l’impédancemétrie corporelle bioélectrique pourraient être mis à jour.

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Vol 30 - N° 2

P. 116 - juin 2016 Retour au numéro
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