Les effets secondaires cutanés de l'hydroxyurée sont fréquents. Le plus grave est la survenue de cancers cutanés. Nous rapportons le premier cas, à notre connaissance, de carcinomatose cutanéomuqueuse chez une malade traitée au long cours par hydroxyurée.

Une femme de 83 ans avait été traitée par hydroxyurée de 1985 à 1998 pour une maladie de Vaquez. Elle a été hospitalisée en 1998 pour des érosions douloureuses des mains et un carcinome épidermoïde d'un doigt, nécessitant l'amputation de deux phalanges. L'hydroxyurée a été arrêtée et remplacée par du pipobroman. Entre mai 1998 et mars 2000, la malade a eu de multiples kératoses actiniques et quatre carcinomes épidermoïdes des deux mains traités chirurgicalement. En septembre et octobre 2000, deux carcinomes buccaux et deux carcinomes épidermoïdes cutanés ont été diagnostiqués.

Les carcinomes cutanés induits par l'hydroxyurée sont une complication grave de ce traitement. Ils apparaissent habituellement après plusieurs années de traitement, et peuvent avoir une évolution mortelle. Chez notre malade, la topographie des carcinomes, leur chronologie de survenue ainsi que les signes cutanés associés, permettaient de les rapporter à la prise d'hydroxyurée. Nous pensons que la survenue de carcinomes épidermoïdes buccaux, simultanément aux carcinomes épidermoïdes cutanés, chez une malade n'ayant aucune lésion précancéreuse buccale, est probablement imputable à l'hydroxyurée. Une recherche dans les banques de données informatisées Medline et Embase n'a pas trouvé d'autres cas. Cette observation souligne l'intérêt du suivi prolongé pour les malades ayant été traités par l'hydroxyurée.

Cutaneous side-effects of hydroxyurea treatment are frequently observed. Squamous cell carcinomas are the most severe among them. We report a patient with skin and mouth carcinomas after hydroxyurea treatment. To the best of our knowledge, this is the first case reported.

A 83-year-old woman had been treated with hydroxyurea from 1985 to 1998 for polycythemia vera. She was referred to our institution in 1998 for painful erosions of both hands. Clinical examination revealed a squamous cell carcinoma leading to amputation of a finger. Hydroxyurea was stopped at this time, and the patient underwent treatment with pipobroman. From May 1998 to March 2000, the patient developed numerous skin keratoses and four squamous cell carcinomas on both hands. In September 2000 and October 2000, two additional skin carcinomas and two mouth carcinomas were diagnosed.

Cutaneous carcinomas are severe side effects of hydroxyurea therapy. They usually occur after several years of treatment and their outcome may be lethal. The chronology and clinical signs are in favour of implicating hydroxyurea in the development of skin and mouth carcinomas. Despite a bibliographic research using Medline and Embase data bases, we could not find another case-report with simultaneous occurrence of skin and mouth carcinomas after hydroxyurea therapy. This observation emphasizes the need of a long term follow-up in patients receiving hydroxyurea.