Les infections liées aux soins à Candida chez le nouveau-né sont sous-estimées et graves. Il existe une relation directe entre l’importance de la colonisation et le risque d’infection invasive. En l’absence de données locales, nous avons tenté d’apprécier l’épidémiologie de ces infections, les facteurs de risque, les agents causaux, leur profil de sensibilité et l’évolution sous traitement.

Nous avons réalisé une étude prospective au Laboratoire de parasitologie-mycologie du CHU Ibn Rochd de Casablanca, en collaboration avec le service de néonatologie de la même institution, durant 18 mois (1^er juillet 2013 au 31 décembre 2014). Nous avons recensé les cas d’infections liées aux soins à Candida. L’exploitation des dossiers a été basée sur une fiche d’exploitation et le traitement des données a été fait par Epi Info 3.5.1.

Durant cette période, 35 cas d’infections nosocomiales ont été recensés. L’âge moyen était de 2,5jours avec des extrêmes de 6heures et 25jours. Les facteurs de risque relevés étaient la colonisation par Candida (C.) sp. avec une positivité de l’index de Pittet chez 77 % des patients, la prématurité (56,75 %), le faible poids de naissance (<2500g) dans 57 % des cas, l’antibiothérapie à base d’imipénème et colimycine dans 51,4 % des cas, une hospitalisation de>10jours et la présence d’au moins un matériel invasif dans tous les cas. La symptomatologie clinique était non spécifique. Candida a été isolé dans une hémoculture dans 30 cas, des urines dans 7 cas, un liquide de hanche et sur un drain de pneumothorax dans un cas chacun. La souche la plus isolée est C. parapsilosis dans 12 cas, suivie de C. albicans et C. tropicalis dans 11 cas chacun et C. glabrata dans un cas. Toutes les souches étaient sensibles au fluconazole. L’évolution a été marquée par la guérison de 62,85 % des patients et le décès dans un tableau de sepsis sévère chez le reste des malades.

Les infections liées aux soins à Candida sont graves, comme en témoigne le taux élevé de décès dans notre série. Le meilleur traitement reste la prévention, qui passe essentiellement par l’hygiène des mains et l’usage rationnel des antibiotiques.