Aucun modèle unifié n’explique au niveau moléculaire pourquoi une protéine banale pour certains acquiert pour d’autres la capacité d’induire une allergie. Nous avons observé et décrit un nouveau mécanisme biologique – l’infidélité de la transcription (IT) – qui permet une copie alternative de l’ADN en ARN générant une diversification insoupçonnée du répertoire protéique. L’IT est un phénomène normal présent dans tous les organismes où il a été étudié. Un évènement d’IT particulièrement important consiste en l’omission d’une base (gap) dans la copie d’ARN, ce qui induit un décalage du cadre de lecture à la traduction. Ces gap modifient les propriétés des peptides codés par le segment d’ARN situé en aval. Ils deviennent cationiques par déplétion en acides aminés acides.

En utilisant un modèle murin d’allergie, nous avons observé qu’une protéine incapable d’induire une production d’IgE acquérait cette capacité lorsque lui était substitué son peptide cationique résultant d’un gap. Ceci permet de formuler l’hypothèse d’une origine moléculaire de l’allergie résultant non pas des allergènes classiques mais de leurs variants protéiques issus d’IT. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons séquencé les ARN du lait de vache et observé la présence de gap à proximité des principaux épitopes B de la caséine aS1 et de la b lactoglobuline. Nous avons procédé à un fractionnement du lactosérum de façon à l’enrichir en protéines cationiques issues d’IT et comparé la capacité d’induction d’IgE des fractions enrichies et déplétées par rapport au lactosérum total. La fraction enrichie administrée à la dose de 60μg induit une production d’IgE équivalente à celle observée avec 3,5mg de protéines de lactosérum. Soixante microgrammes de fraction déplétée n’induit pas de production significative d’IgE.

Nous proposons qu’il existe dans le lait des variants peu abondants des principaux allergènes jouant le rôle de déclencheurs de production d’IgE qui par extension vers la portion Nter fixent aussi l’allergène normal. Nos observations portant sur le lait sont probablement généralisables à l’ensemble des allergènes ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de diagnostic précoce et de prévention.