Les oméga5-gliadines sont les allergènes les mieux documentés pour le diagnostic de l’AIE au blé. Cependant, certains patients ne possèdent pas d’IgE spécifiques de ces protéines et l’implication d’autres allergènes est suggérée. La grande complexité de la composition en protéines de la farine de blé complique la caractérisation exhaustive de ses allergènes au niveau moléculaire ; au sein d’une seule variété de blé, on dénombre en effet plus d’une centaine de protéines. L’analyse par immunoblot après séparation des protéines par électrophorèse bidimensionnelle permet de visualiser ce polymorphisme naturel et d’observer la diversité des constituants liés par les IgE des patients.

La réactivité des IgE de 26 sérums de patients adultes avec une AIE au blé a été analysée en Elisa vis-à-vis de fractions protéiques purifiées. Pour 11 de ces sérums, nous avons réalisé des immunoblots après séparation par électrophorèse 2D des protéines totales ou des protéines solubles de la variété américaine de blé tendre Butte 86. La caractérisation des allergènes liés par les IgE est facilitée par l’existence d’une carte protéomique, donnant l’identification par spectrométrie de masse des principales protéines de cette variété.

Comme attendu, 70 % des sérums réagissaient fortement avec les oméga5-gliadines en Elisa et reconnaissaient plusieurs spots correspondant à ces protéines en immunoblot 2D. Ces réponses étaient souvent accompagnées en blot (et plus rarement en Elisa) par la reconnaissance d’alpha-gliadines et de certaines sous-unités de gluténines de faible PM. Vingt pour cent des sérums des patients avec AIE au blé n’avaient pas d’IgE spécifiques des oméga5-gliadines et réagissaient en Elisa vis-à-vis de la LTP. Les autres sérums ont montré des réactivités très différentes et variées : réponses prédominantes vis-à-vis des alpha-gliadines, reconnaissance spécifiques des sous-unités gluténines de haut PM, reconnaissance spécifique de plusieurs protéines de la fraction albumines/globulines (inhibiteurs d’alpha-amylase et péroxidases…).

Ces résultats soulignent la complexité des réponses IgE observées dans l’AIE au blé.