Diverses levures et champignons filamenteux sont décrits comme à l’origine d’infection chez les tortues marines. Parmi eux, Fusarium solani est responsable d’infection tégumentaire ou invasive chez des animaux adultes affaiblis (capture, échouage) ainsi que de contamination des nids en milieu naturel, causant des pertes massives lors de la reproduction. Nous illustrons le pouvoir pathogène de ce champignon chez les tortues marines, au travers notre expérience originale concernant l’espèce Caretta caretta (tortue caouanne) dont la reproduction complète a été obtenue pour la première fois au sein du parc marin Marineland d’Antibes en 2010, puis renouvelée en 2011 et 2013. Les 6 individus viables (0,9 % des œufs) de la première génération ont tous développé des lésions cutanées et de différents organes dues à F. solani. Un traitement antifongique par posaconazole a permis de sauver 2 de ces 6 individus (taux de survie : 33 %). Bien que la recherche de la source de l’infection soit restée infructueuse, des mesures d’hygiène drastiques, l’établissement de critères de diagnostic précoce et des protocoles de traitement préemptif et curatif ont permis de prévenir et traiter plus efficacement l’infection lors des nichées ultérieures de 2011 et 2013, avec un total de 80 individus viables (6,6 %) et un taux de survie de 50 %. F. solani apparaît comme une menace majeure pour la reproduction de tortues marines en milieu naturel. Comme nous l’avons observé, ce risque existe également lors de la reproduction en captivité de ces animaux. Les conditions de transmission et de virulence de Fusarium spp. chez ces animaux sont discutées, à lumière de la littérature concernant les cas survenus chez des tortues marines adultes et dans les nichées en milieu naturel, et de notre expérience de reproduction en captivité.

Various yeasts and filamentous fungi are described as the cause of infection in sea turtles. Among them, Fusarium solani is responsible both for superficial and invasive infection in weakened adults (capture, stranding), and wild nest contamination, causing massive losses during hatching. We illustrate the pathogenicity of this fungus in sea turtles, through our experience with the species Caretta caretta (loggerhead turtle) and its reproduction, which was obtained for the first time in 2010 at the marine park Marineland, Antibes and renewed in 2011 and 2013. The first generation (6 viable newborns e.g. 0.9% of the nest) was severely affected by an infectious agent causing skin and multifocal organ lesions. Microbiological samples allowed to establish F. solani as the etiological agent. Antifungal therapy with posaconazole cured 2 (33%) of the brood. Epidemiological investigations, infection control and hygiene measures as well as diagnosis criteria, preemptive and curative treatment procedures allowed better prevention and cure and finally higher survival rates in subsequent broods, in 2011 and 2013 (80 viable newborns e.g. 6.6% of the nest and 50% survival rate). F. solani appears as a major threat for the successful reproduction of sea turtles in the wild. As observed, this threat is also of concern during captive breeding. The conditions of transmission and pathogenicity of Fusarium spp. in these animals are discussed in light of the literature cases that occurred in adult sea turtles and in wild nests, and of our breeding experience.