Indicateurs transfusionnels en court séjour gériatrique avant et après les recommandations de la Haute Autorité de santé 2014 - 22/05/17
Resumen |
Introduction |
L’anémie est la pathologie hématologique la plus fréquente en gériatrie. Elle est susceptible de rendre fragile les patients âgés, du fait des syndromes gériatriques qu’elle peut engendrer. La transfusion érythrocytaire est donc un acte courant, en raison de l’augmentation de la prévalence de l’anémie avec l’âge et de ses complications. En 2012, la Haute Autorité de santé (HAS) a actualisé les recommandations de bonnes pratiques de 2002, visant à clarifier l’indication des prescriptions de transfusions et de conseils transfusionnels et de proposer des stratégies ciblées en fonction des populations de patients, notamment pour les personnes âgées de plus de 80 ans. En 2014, les recommandations de la HAS intitulée « Transfusions de globules rouges homologues : produits, indications, alternatives hématologie, oncologie » propose des seuils d’hémoglobine (Hb) pour les plus de 80 ans : 7g/dL en l’absence d’insuffisance cardiaque ou coronarienne et de mauvaise tolérance clinique, 8g/dL chez les patients insuffisants cardiaques ou coronariens, 10g/dL en cas de mauvaise tolérance clinique. Depuis ces nouvelles recommandations, il n’existe pas de travaux en gériatrie à notre connaissance. L’objectif principal de cette étude était de décrire les indicateurs de décision transfusionnelle dans deux services de courts séjours gériatriques, avant et après les recommandations de la HAS 2014 et de rechercher si celles-ci avaient modifiées les pratiques. L’objectif secondaire était de déterminer s’il existait une différence dans les décisions transfusionnelles en fonction des spécificités gériatriques des patients.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude descriptive, rétrospective au sein de 2 services de courts séjours gériatriques du pôle de gériatrie de l’APHM. Tous les patients ayant un âge supérieur ou égal à 80 ans, transfusés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2012 et 2015, ont été inclus. Les données recueillies à partir des comptes rendus d’hospitalisation et auprès de l’établissement français du sang, concernaient le patient, ses fragilités gériatriques (dénutrition, index de Charlson, troubles cognitifs, chutes à répétition, mode de vie socio-familial, autonomie, polymédication), l’anémie et la transfusion (indication, taux d’Hb pré et post-transfusionnel et de sortie, rendement transfusionnel, conformité aux recommandations de la HAS, effet indésirable receveur).
Résultats |
Dans cette étude, 103 patients ont été inclus. L’âge moyen en 2012 était de 87 ans±4,7 ans, 88,9±4,8 ans en 2015. La population était essentiellement féminine. Plus de 30 % des patients étaient insuffisants cardiaques, sans différence statistiquement significative entre les deux années concernant les caractéristiques générales. Plus de la moitié de la population était polymédiquée, souffrait de troubles cognitifs et de dénutrition. En 2015, on observait une augmentation de leur fréquence. Seul le Charlson moyen pondéré à l’âge était significativement plus élevé en 2015 qu’en 2012. L’étiologie principale des anémies était multifactorielle. En 2015, 55,4 % des patients et 42,1 % en 2012 souffraient de signes cliniques d’intolérance de l’anémie. Les manifestations cardiovasculaires étaient le signe principal d’intolérance. L’Hb pré-transfusionnelle moyenne était de 7,9g/dL en 2015, 8g/dL en 2012 (p=0,63). Il n’y avait pas de différence entre les 2 années concernant l’évolution de l’Hb qui augmentait significativement après transfusion (p<0,001) et se stabilisait à la sortie. En 2012, 1,9 culots de globules rouges et 1,8 en 2015 étaient transfusés en moyenne. En 2015, 72,3 % des transfusions étaient conformes aux seuils d’Hb recommandés par la HAS, contre 50 % en 2012 (p=0,023). Les seuils transfusionnels dans notre étude étaient inférieurs à ceux recommandés. Treize effets indésirables receveurs ont été recensés, mais 49 données manquaient. Il n’y avait pas de différence significative concernant le bénéfice transfusionnel entre les 2 années.
Conclusion |
Cette étude a permis de décrire les indicateurs de décision transfusionnelle sans mettre en évidence de changement à la suite des recommandations de la HAS 2014. Cependant, la population âgée transfusée en 2015 paraissait plus fragile, du fait d’un Charlson plus élevé et malgré l’absence de différence significative pour les autres critères gériatriques. En raison de cette fragilité, de la polypathologie et de l’hétérogénéité de la population gériatrique, il paraît toujours problématique de définir un seuil d’Hb transfusionnel, qui pourrait également tenir compte de la fragilité. Les signes cliniques d’intolérance de l’anémie sont aspécifiques. Aussi, l’efficacité et le bénéfice transfusionnels à court et à long terme en gériatrie doivent être définis.
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Vol 38 - N° S1
P. A149 - juin 2017 Regresar al númeroBienvenido a EM-consulte, la referencia de los profesionales de la salud.
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