Les streptomyces sont des bactéries gram positif, à filaments ramifiés, saprophytes du sol et des végétaux en décomposition, appartenant à l’ordre des actinomycètes. En dehors des mycétomes, ils occasionnent rarement des infections chez l’homme. Cette infection rare peut être localisée (peau, poumon, cerveau) ou disséminée. Nous décrivons un cas d’infection cutanée à streptomyces chez un sujet jeune présentant un déficit en récepteurs de l’interleukine 12.

Patient âgé de 19 ans, issu d’un milieu rural, suivi depuis le jeune âge pour un déficit en récepteurs de l’interleukine 12 compliquée de BCGite pulmonaire et ganglionnaire.

Il a consulté pour des tuméfactions axillaires droites douloureuses, associées à une fièvre non chiffrée sans altération de l’état général. L’examen trouvait un patient apyrétique, plusieurs adénopathies rétro-auriculaires, sous-maxillaires et jugulo-carotidiennes bilatérales faisant 2cm de grand axe et deux formations abcédées de consistance molle de 4*2cm avec une peau rétractée en regard au niveau de la région axillaire gauche. L’IDR à la tuberculine était négative. À la biologie, un discret syndrome inflammatoire biologique. L’échographie des parties molles a montré de multiples plages sous-cutanées réalisant de multiples logettes communicantes entre elles, fistulisées à la peau richement vascularisée. Une ponction de l’abcès a été réalisée avec recherche de bacille acido-alcoolo-résistant (BAAR), négative. La culture initiale avait permis d’isoler une salmonelle mineure. La culture prolongée identifiait initialement Nocardia spp. L’identification par séquençage du RNA 16S a permis la rectification du diagnostic et l’identification de Streptomyces rectiverticillatus. Une TDM cervico-thoraco-abdominale montrait de multiples adénopathies cervicales bilatérales, médiastinales et sous diaphragmatiques et la TDM cérébrale a éliminé la présence de localisations a cet étage. Le diagnostic d’infection cutanée et ganglionnaire à streptomyces rectiverticillatus chez un immunodéprimé a été retenu et le patient mis sous céfotaxime et amikacine relayée par triméthoprime-sulfaméthoxazole pour une durée totale de 150jours. L’évolution était favorable avec la disparition des abcès et des adénopathies à l’imagerie avec un recul de 6 mois.

Peu d’infections à streptomyces sont décrites dans la littérature. Il n’y a pas de consensus sur la prise en charge. Le diagnostic est généralement compliqué et requiert une corrélation clinico-microbiologique. Notre cas rappelle aussi l’importance d’un examen bactériologique spécialisé pour ne pas méconnaître ce type d’infection cutanée, peu connue et peu documentée dans la littérature.