Actinomucor elegans est un champignon appartenant aux zygomycètes, et donc de ce fait ubiquitaire et retrouvé dans l’environnement (sols, substrats naturels végétaux et animaux…). À ce jour, quatre infections humaines impliquant A. elegans ont été décrites dans la littérature, dont deux atteintes disséminées mortelles.

Nous rapportons un premier cas français et européen de sinusite à A. elegans chez un patient traité par voriconazole à onze mois d’une allogreffe de moelle. Cinq mois après le diagnostic initial l’évolution est stable et sans rechute ; avec une prise en charge associant deux épisodes chirurgicaux, des lavages quotidiens des sinus et un traitement médicamenteux par amphotéricine B liposomale à forte dose et posaconazole.

Les techniques de mycologie classique (examen direct et culture) ont leur place en première intention dans de telles infections, permettant un diagnostic précoce de la mucormycose, étape essentielle d’une prise en charge rapide et adaptée. Les techniques de biologie moléculaire (PCR 18S et séquençage, PCR mucorales) ont permis de confirmer ce diagnostic et de déterminer précisément l’espèce fongique. Actuellement, seules les caractéristiques culturales permettent de différentier les quatre variétés au sein de l’espèce A. elegans. À l’occasion de ce cas, nous rapportons pour la première fois, la positivité de test de détection de l’antigène galactomannane dans une infection à A. elegans.

Ce cas permet d’illustrer l’émergence de champignons rares en pathologie humaine, face auxquels la combinaison des différents outils du mycologue est indispensable de manière à documenter avec précision l’étiologie de l’infection et donc traiter le plus précocement possible l’atteinte.