Incontournables en cosmétique, les huiles végétales sont réputées pour leurs nombreuses vertus. L’utilisation de cosmétiques naturels a révélé de nouvelles sources allergéniques. Nous rapportons un cas de dermite de contact chez une masseuse d’un institut de beauté.

Une patiente atopique de 23 ans présentait depuis plusieurs mois des lésions eczématiformes des mains rythmées par le travail, associées à des papules urticariennes du dos. Elle exerçait en temps que masseuse dans un spa et rapportait l’utilisation de nombreux produits de beauté, sur le plan professionnel comme personnel : savon noir, huiles essentielles, huile d’argan, beurre de karité. Les patch-tests des batteries standard, ajouts, cosmétiques et produits apportés étaient négatifs à toutes les lectures. Cependant, le ROAT-test était positif à 3minutes pour l’huile d’argan et le ghassoul. La pertinence était certaine, la patiente utilisant l’huile d’argan pour masser ses clientes ainsi qu’en application sur les pointes de ses cheveux. Le diagnostic retenu était une dermite de contact à type d’eczéma et d’urticaire de contact à l’huile d’argan.

La richesse de l’huile d’argan en stérols et en vitamine E explique son utilisation fréquente en cosmétique. Trois cas d’eczéma de contact à l’huile d’argan ont été rapportés dans la littérature avec des patch-tests positifs, liés à un usage personnel pour des psoriasis et eczéma. Astier et al. rapportaient un cas d’anaphylaxie après la manipulation d’huile d’argan alimentaire et parfum, avec des prick-tests positifs compliqués d’une réaction systémique à l’huile d’argan. Paris et al. ont rapporté 3 cas d’asthmes professionnels à la poudre d’argan. La réalisation d’électrophorèses permettait d’identifier plusieurs protéines potentiellement allergisantes dans l’huile d’argan et faisait suspecter la possibilité d’allergies croisées in vitro avec la noisette.

Nous rapportons un cas de dermite de contact à l’huile d’argan à usage professionnel et personnel chez une masseuse. Ce cas souligne l’intérêt de tester tous les produits des patients, notamment les huiles bénéficiant actuellement d’un effet de mode et étant des sources allergéniques à surveiller.