Nous rapportons un cas original d’érythème pigmenté fixe (EPF) au fulvestrant, confirmé par patch-tests. Le fulvestrant est un agoniste des récepteurs aux œstrogènes, indiqué chez les patients atteints de cancer du sein métastatique hormonodépendant. Aucun cas d’EPF au fulvestrant n’a été rapporté dans la littérature.

Une femme de 69 ans était traitée depuis septembre 2016 par injections sous-cutanées de fulvestrant et dénosumab (anticorps monoclonal diminuant la résorption osseuse) tous les 15jours en alternance dans le cadre d’un cancer du sein métastatique. En janvier 2017, elle a présenté des lésions érythémateuses, prurigineuses, et bien délimitées du tronc, avec pigmentation séquellaire, évocatrice d’EPF à l’examen clinique. Les lésions récidivaient régulièrement, évoquant l’imputabilité du fulvestrant ou du dénosumab. Il n’y avait pas d’autre médicament récemment introduit. La rémission des lésions était observée après arrêt des deux médicaments. Des explorations allergologiques étaient effectuées en juin 2017. Les patch-tests au fulvestrant à la concentration de 250mg/mL étaient positifs sur peau saine (dos) et sur peau lésée (région lombaire) à la lecture à 48h et 96h. Les patch-tests au dénosumab à la concentration de 70mg/mL étaient négatifs sur peau saine et peau lésée. L’examen histologique des tests positifs au fulvestrant mettait en évidence un infiltrat lichénoïde avec nécroses kératinocytaires. Le diagnostic d’EPF au fulvestrant était retenu. Une déclaration en pharmacovigilance était effectuée. Aucune récidive des lésions n’était constatée après reprise du dénosumab et remplacement du fulvestrant par l’exemestane (inhibiteur de la synthèse des œstrogènes).

L’EPF est une forme peu fréquente de toxidermie. Il s’agit du premier cas décrit d’EPF au fulvestrant, confirmé par explorations allergologiques et analyse histologique.