Cet article s’inscrit dans une perspective interdisciplinaire entre la psychanalyse et les sciences physiques. Il cherche à mettre en évidence le concept d’irréversibilité dans la psyché, afin de mieux comprendre les processus qui mènent à des seuils où les comportements violents sont irréversibles. Deux grands phénomènes nous laissent penser qu’il existe au sein de l’appareil psychique des forces opposées réversibles et irréversibles : les fantasmes et la structure. La notion de fantasme nous invite à penser la psyché comme une science de la réversibilité capable de retours en arrière et de bonds vers le futur ; celle de la structure, à l’inverse, nous fait imaginer l’appareil psychique comme une organisation arrêtée, stable, mais qui ne permet cependant pas de concevoir l’irréversibilité en termes de « processus » mais plutôt d’un « état » statique. Puisque Freud était attaché aux sciences de son temps, il aurait aussi été intéressé par les grandes découvertes qui lui sont postérieures comme certaines avancées scientifiques du XX^e siècle. Celles-ci peuvent nous amener à repenser l’appareil psychique en termes de processus dynamiques structurels interrogeant la place de la notion d’irréversibilité en psychanalyse.

This article is part of an interdisciplinary perspective across psychoanalysis and the physical sciences. It seeks to highlight the concept of irreversibility in psyche, in order to better understand the processes that lead to thresholds where violent behaviours are irreversible. Two great phenomena allow us to think that there are opposing forces in the psychic apparatus that are reversible and irreversible: fantasies and structure. The notion of fantasy invites us to think psyche as a science of reversibility capable of going both backwards and leaps towards the future; on the opposite structure leads us to imagine the psychic apparatus as stationary and stable organization that does not allow us to think irreversibility in terms of dynamic “processes” but rather in terms of static “states”. Since Freud was most interested in contemporary sciences he might have been excited by the great discoveries that occurred later on. Indeed, some scientific advances of the twentieth century could lead us to rethink the psychic apparatus in terms of dynamic structural processes and to question the place of the notion of irreversibility in psychoanalysis.