La présence d’anomalies structurelles des faisceaux de substance blanche à distance du foyer épileptogène serait un facteur de mauvais pronostic chirurgical chez les patients présentant une épilepsie pharmaco-résistante. Notre objectif est d’évaluer en DTI (diffusion tensor imaging) de manière segmentaire les anomalies micro-structurelles de la substance blanche en fonction de la forme clinique d’épilepsie, au sein d’une cohorte de patients présentant une épilepsie pharmaco-résistante.

Entre 2012 et 2017, 273 patients présentant une épilepsie réfractaire ont bénéficié d’un bilan préchirurgical de phase 1, comprenant une IRM cérébrale à 3T (Philips Achieva, Philips Medical Systems, Best, the Netherlands) avec notamment une séquence DTI (TR=12000ms, TE :55ms, 32 directions de gradient avec un facteur b=1000s/mm², taille de voxel : 2mm³). Parmi ces patients, 79 présentant un bilan complet et un foyer épileptogène bien caractérisé ont constitué notre groupe d’étude. Un groupe contrôle de 24 sujets sains était également constitué. La tractographie des faisceaux de substance blanche était réalisée à l’aide du logiciel de tractographie globale et probabiliste TRACULA, après débruitage des données, correction des distorsions géométriques et recalage linéaire. Les valeurs de fraction d’anisotropie (FA) et diffusivité moyenne (MD) le long de chaque faisceau de substance blanche étaient ensuite comparées en fonction du type d’épilepsie. Une p-value<0,05 indiquait une différence statistiquement significative.

Parmi les 79 patients inclus, 69 présentaient une épilepsie temporale et 10 une épilepsie frontale. La MD était plus sensible que la FA pour la détection d’anomalies micro-structurelles chez les patients épileptiques comparativement aux sujets sains. Les anomalies étaient plus diffuses chez les patients présentant une épilepsie temporale gauche comparativement aux patients présentant une épilepsie temporale droite. Chez les patients présentant une épilepsie temporale, les anomalies segmentaires significatives prédominaient du côté lésionnel et dans le segment du faisceau connecté au lobe temporal. Les anomalies intéressaient un nombre restreint de faisceaux chez les patients présentant une épilepsie frontale.

L’imagerie en tenseur de diffusion permet de révéler des anomalies microstructurelles segmentaires de la substance blanche au délà du foyer épileptogène, plus diffuses et plus sévères pour les épilepsies temporales et gauches. L’impact de ces anomalies sur le pronostic chirurgical devra être évalué sur une cohorte plus large de patients.