Comparer les caractéristiques socioprofessionnelles, cliniques et para-cliniques selon le genre des patients indemnisées pour asthme professionnel (AP) dans la région du centre tunisien.

Étude transversale exhaustive des dossiers d’indemnisation pour AP étudiés à la commission médicale régionale d’accidents de travail/maladies professionnelles habilités à fixer le taux d’incapacité permanente partielle (IPP) au district du centre tunisien durant huit ans. Le recueil des données était fait par une fiche préétablie de 43 items portant sur les caractéristiques cliniques, socioprofessionnelles, les explorations fonctionnelles respiratoires et les taux d’IPP.

Durant la période d’étude, 536 dossiers d’indemnisation pour maladie professionnelle étaient traités dont 18,6 % étaient en rapport avec un AP. Le profil type de ces patients était une femme (SR=0,43) d’âge moyen 41,5 ans±7,3 ans travaillant comme ouvrière (96 %) dans le secteur textile-confection (60 %) avec une ancienneté professionnelle moyenne de 15,1 ans±8,4 ans. L’âge moyen des femmes était statistiquement moins élevé (p=0,004). De plus, les femmes exerçaient plus fréquemment dans le secteur de textile (p=0,000). La rhinite allergique était associée à l’asthme chez 70 patients. Cette association était plus significativement retrouvée chez les femmes (p=0,009). Une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) a objectivé un syndrome obstructif réversible chez 45 patients et une capacité vitale forcée (CVF) statistiquement moins altérée chez les femmes (p=0,009). Un test d’hyperréactivité bronchique à la métacholine était positif chez 28 patients avec une DP20 moyenne à 501,9μg±471,6μg. Le diagnostic était retenu sur la base de débimétrie longitudinale chez 25 patients. Les patients ont bénéficié d’une déclaration de l’AP au titre de huit tableaux de maladies professionnelles. Le taux moyen d’IPP accordé était de 33,31±16,02 %. L’analyse multivariée a révélé que le taux d’IPP était corrélé à l’âge.

L’AP semble toucher plus fréquemment les femmes avec un âge de début plus précoce, une altération de la fonction respiratoire plus importante et une association plus fréquente à d’autres comorbidités (rhinite allergique et dermatoses). Cette différence est expliquée par plusieurs facteurs ; la génétique, les facteurs liés au développement, les changements hormonaux, le calibre des voies respiratoires, l’exposition précoce aux allergènes, les facteurs socioculturels et la susceptibilité individuelle.