Introduction Les facteurs de risques de la dépression postpartum (DPP) ont largement été étudiés chez les mères, moins chez les pères et très peu au sein de couples. L’objectif de cette étude est de caractériser les facteurs de risque sociodémographiques et psychosociaux de la DPP parentale.

Méthodes L’échantillon inclut 12 386 couples participant à la cohorte de naissance française ELFE, recrutés en 2011, au moment de la naissance de leur enfant. Un score de DPP a été calculé à partir de l’EPDS à 2 mois pour les mères, pour les pères et pour le couple. La situation socioéconomique des parents, le soutien social pendant la grossesse, ainsi que les facteurs liés à la santé périnatale et l’enfant ont été recueillis à la naissance. Les facteurs de risque de la DPP ont été estimés par des régressions polytomiques multivariées avec imputation multiple des données manquantes.

Résultats La prévalence de la DPP est 7 % chez les pères et 12 % chez les mères. Dans des modèles de régression multivariés, un faible niveau de diplôme (OR = 1.3 [1.1-1.7]), l’absence de soutien social (OR = 1.8 [1.5-2.2]) et les difficultés financières (OR = 1.7 [1.4-2.0]) étaient associés à la DPP au sein du couple. La région d’origine était aussi associée à la DPP chez les pères (OR Afrique Subsaharienne vs Union Européenne = 1.7 [1.2-2.4]) et le fait d’avoir eu des antécédents de difficultés psychologiques (OR = 1.5 [1.2-1.8]) ou une grossesse non désirée (OR = 1.3 [1.1-1.6]) à la DPP chez les mères.

Conclusions Les couples ayant un score de dépression élevé étaient caractérisés par une situation socioéconomique défavorable, des origines immigrées, une absence de désir de grossesse, des antécédents psychosociaux chez la mère et un faible soutien social. Ces facteurs pourraient être repérés en début de grossesse pour adapter le suivi des parents et prévenir la DPP.