Évoquer le risque d’un point de vue sociologique c’est se questionner sur ce qui le construit dans une société, risque-t-on les chatouilles, qui sont une punition dans certaines cultures, et donc un risque, parce qu’on a franchi les limites d’une forêt tropicale particulièrement dangereuse, ou parle-t-on d’une probabilité de se tordre la cheville dans la bordure d’un tapis trop épais qui pourrait conduire à une chute, puis une fracture ?

S’interroger sur le risque c’est aussi faire le lien entre les normes sociales en cours dans notre société et les pratiques et recommandations à l’œuvre dans notre champ d’action.

C’est donc notre rapport et notre acceptation face à l’intervention ou non de l’aléa, notre capacité à faire face à ses conséquences et plus largement notre rapport aux injonctions et croyances sociales actuelles telles que « prévenir des risques », « bien vieillir », ou « une vieillesse réussie » qui influencent la recherche d’une maîtrise des risques.

Face à ces tendances il est utile de rappeler la place symbolique des rituels dans les sociétés. Ils amènent les personnes, le plus souvent les jeunes, à prendre des risques pour se dépasser, devenir adulte, pour les sociétés à intégrer la mort dans la continuité de la vie et non pas comme un phénomène extérieur. Tel n’est pas le cas dans nos sociétés qui en luttant contre la mort, en maitrisant ou en contraignant à éviter les risques, éludent et rendent la mort invisible.

La traduction en risque de comportements, résulte de points de vue, d’échelles, mais aussi d’attentes et d’évaluations collective et individuelle. Quoi qu’il en soit, un risque peut avoir une fonction, un « effet », notamment sur l’identité des personnes. Si « elles n’en font qu’à leur tête » c’est peut-être que les personnes âgées, comme la plupart des individus, ne pensent qu’à s’inscrire dans la continuité de leur vie qui a toujours comporté des risques.