Les enfants allergiques alimentaires ont fréquemment des néophobies alimentaires, et une alimentation peu diversifiée. L’immunothérapie orale(ITO), pratique récente, consistant à administrer l’allergène sous forme tolérée, afin d’augmenter le seuil réactogène de l’enfant, est fréquemment réalisée avec des produits du commerce. Pour les allergènes les plus fréquents, ces produits sont réputés peu sains, riche en sucre et graisse, pouvant créer une réticence de la part des parents. L’objectif de cette étude est de déterminer l’évolution du BMI chez les enfants allergiques alimentaires en cours d’immunothérapie orale.

Il s’agit d’une étude descriptive rétrospective d’une population de 75 enfants suivis en consultation d’allergologie à l’hôpital de Meaux entre janvier 2013 et décembre 2019. Le BMI mesuré à la dernière consultation de suivi sous immunothérapie orale est comparé au BMI au début de l’ITO. Les allergènes en cause sont l’arachide, la noisette, l’œuf et le lait.

On a constaté une augmentation significative de la moyenne du BMI de la cohorte sous ITO (16,7 avant ITO, vs 18 sous ITO, p=0,017), Le BMI a augmenté chez 49 enfants (65 %), et l’augmentation a été de 20°percentile au moins chez 18 parmi eux (24 %). Il n’y a pas eu d’augmentation significative du nombre d’enfants en surpoids (6 avant l’ITO vs 10 en cours d’ITO).

L’immunothérapie orale s’accompagne d’une amélioration du BMI des enfants allergiques, sans augmentation de l’incidence du surpoids. Elle pourrait être expliquée par la diminution de l’anxiété générée par l’allergie alimentaire, qui leur permettrait de mieux manger. L’apport calorique des produits utilisés pour l’ITO est en lui-même non signifiant. L’immunothérapie orale pourrait aussi agir sur l’inflammation de la muqueuse intestinale et sa perméabilité, entraînant une meilleure absorption de macro et micronutriments, et une baisse de la consommation énergétique induite par l’inflammation.