L’asthme est un facteur de risque de manifestations sévères d’allergie alimentaire (AA). L’association entre asthme et AA a été assez largement étudiée chez l’enfant mais il existe peu de données chez l’adulte.

Nous avons mené une étude prospective, transversale, monocentrique au CHU de Lille. Les objectifs étaient :

– de décrire la fréquence et les caractéristiques cliniques et biologiques des AA dans une population d’adultes suivis pour un asthme allergique ;

– d’étudier les marqueurs phénotypiques associées aux AA ;

– d’évaluer l’efficacité d’un auto-questionnaire de dépistage des AA.

Au total, 131 patients ont été inclus entre mai et août 2019. La fréquence des AA était de 18,6 % (IC 95 % [11,6-25,7]). Les aliments les plus fréquemment en cause étaient les fruits à coque (68,2 %), l’arachide (50 %) et les rosacées (36,4 %). Le mécanisme de sensibilisation prépondérant était une primo-sensibilisation respiratoire aux pollens (72,7 %), principalement via la protéine PR 10 (54,5 %). Les manifestations cliniques d’AA étaient sévères chez 31,8 % des patients (anaphylaxie de grade 2 et 3) et comportaient des symptômes d’asthme chez 31,8 % des patients. Une trousse d’urgence était prescrite chez 73,7 % des patients. La présence d’une AA était associée à un plus grand nombre d’hospitalisations pour exacerbation d’asthme (64,7 % versus 36,6 % ; p=0,03). L’auto-questionnaire de dépistage avait une sensibilité de 91 %, une spécificité de 89 % et une VPN de 98 %.

Nos résultats suggèrent que l’asthme allergique est associé à une fréquence élevée et à des manifestations sévères d’AA. La prise en charge semble insuffisante et pourrait être améliorée par un auto-questionnaire de dépistage, testé dans cette étude.