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ATS9-2 - 09/04/08

Doi : DOU-10-2007-8-HS1-1624-5687-101019-200600358 

D. Baudoin

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Introduction sous forme de questions : Ladouleur chronique peut-elle être un étayage psychique ?Comment le repérer ? Dans ce cadre, peut-on toutde même traiter la douleur ou ne faut-il rien toucher à cet équilibre ?

Version médicale : Mr M. F.,45 ans, père de deux enfants, tuyauteur de saprofession est depuis son retour de mission professionnelle en ArabieSaoudite, il y a un an, atteint d’un prurit tenace invalidant.Il m’est adressé par le médecin du travailalarmé par les cicatrices violacées de grattagequi couvrent son corps. Un bilan approfondi dermatologique au CHUest négatif. Le recours au neurologue est alors décidé…

Version histoire de vie : Mohammed est un soudeurtuyauteur ; vous savez ces hommes en tenue de cosmonautequi soudent à l’arc dans toutes les positionset sont indispensables dans les usines.

Lui, il est le français arrivé enfant du Marocpour rejoindre son père, ouvrier à Marseille dansles usines sucrières. Il a fait du chemin. Ses capacitéstechniques lui ont permis de travailler à l’étranger, d’amasserde quoi faire vivre sa famille et surtout de s’acheterun toit. Ce père de famille à l’ancienne,pater familias à la mode musulmane a donc bien tenu sonrôle de chef de famille et de protecteur.

Brutalement, au retour d’une dernière missionen Arabie Saoudite, alors qu’il lui faut se résoudre à reprendreson travail de simple ouvrier d’usine en France, se déclencheun prurit cad des démangeaisons diffuses, violentes, intolérables.Il ne dort plus la nuit et son corps est le vivant stigmate de sasouffrance. Il est strié de ses griffures bleues, violettes,presque noires par endroits.

Toutes les recherches d’une cause sont négativeset il m’est alors adressé par son médecindu travail désemparé. Je vois alors arriver unhomme mince voûté au beau visage sémiteun peu figé. Son histoire c’est celle de son corpsmartyrisé par ses ongles. Il se gratte au sang et celadepuis des mois. Il vient m’exposer l’impuissance dela médecine.

Il n’arrive plus à travailler pas plus qu’à dormiret sa hantise c’est la maladie d’un de ses frères.Ce frère aîné avec lequel il est venutrès jeune en France rejoindre son père. Ce frèreest en invalidité car il est incapable de travailler ;cette perte de l’emploi a signifié la perte desa famille. Sa femme l’a quitté, ses enfants nele reconnaissent plus. Il est déchu de ses fonctions depère et de chef de famille.

Par comparaison, il me décrit sa gentille femme, sestrois enfants, sa belle maison dans la campagne Aixoise. Fier, ill’est, de sa famille et de cette maison qu’ila construit à la sueur de son front.

Puis nous revenons sur ce grattage incessant qui oblitèresa vie. Intelligent, il raisonne bien et cherche la guérison,il veut reprendre le cours interrompu de son existence.

Mais la peur est là. Jeune thérapeute, je nel’entends pas. Je tente de le rassurer et lui expliqueles gouttes miracles que je vais lui donner. Il s’agitd’amitryptylline, un des premiers psychotropes découvertspar hasard dans les années 50. Il agit à faibledose sur les douleurs générées par lesystème nerveux, troncs nerveux, moelle ou cerveau.

Ce produit miraculeux est efficace comme prévu sur Mohammed. Ilabandonne le grattage, mais le malheur qui l’accable esttoujours là, tapi au fond de lui. À 50 ans,il s’est autorisé à manifester son désarroipar une auto-aggression permanente, obstinée, incompréhensiblede l’enveloppe corporelle. Abandonner le symptôme commeje l’y ai encouragé, c’est se retrouverseul face à cette souffrance jamais nommée depuisson départ du Maroc.

Un long cheminement commence, car il m’a choisi pour êtrela dépositaire et le témoin de sa dépression.Je ne le découvrirais que plusieurs années après.

Sa traversée a été longue :cinq ans environ. Il a tout remis en cause mais a réussi à toutmaintenir solidement autour de lui.

D’abord il a gardé le respect de ses enfants,chahuté un moment par le fils aîné, sonrival dans le cœur de sa femme. Sa femme, ébranléepar la nouvelle personnalité de son mari défensif,immobile, et lucide, alors qu’avant il était actifet généreux, est restée. La maison, grâceaux assurances, est restée à lui.

Dans cette traversée, il ne refusait qu’unechose, que je le confie à un autre praticien. Il y eu mêmel’épisode étrange mais révélateur d’unpsychothérapeute expérimenté connu pourses prises en charge de patients ancrés dans la souffrancechronicisée qui me renvoya Mohammed car il ne pouvait pasle prendre en thérapie ; son cas étaitdésespéré.

Son deuil, c’était la déchirure deson enfance. Il a été élevé parsa mère au Maroc où son père l’aconçu. À quatre ans, quand son frère enavait six, ils durent rejoindre ce père inconnu à Marseille,laissant là une enfance choyée de petit roi dansun village de l’Atlas. Sa mère, il ne l’ajamais revu. Elle avait été répudiéepar son père qui avait fondé un deuxièmefoyer à Marseille. Arraché sans explication à samère qui mourut de honte et de misère quelquesannées après, il eut l’éducationqu’avait voulue son père pour lui. Mais caché aux tréfonds,il gardait cette honte, cette colère, cette brisure quiavait failli faire de lui un écorché vif avecses démangeaisons, et dont il n’a été capablede faire le deuil que cinquante ans après.

Conclusion : Qu’en pensez-vous ?Jusqu’où aller ? 




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Vol 8 - N° HS1

P. 55 - octobre 2007 Regresar al número
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