Les douleurs neuropathiques sont associées à des hyperalgésies et des allodynies souvent intenses, peu sensibles aux thérapeutiques analgésiques classiques. Il est bien admis que le récepteur NMDA joue un rôle clef dans le développement et la maintenance des douleurs chroniques. Récemment, une étude chez l’animal a mis en évidence un effet anti-allodynique prolongé suite à l’administration de kétamine. Chez l’homme, l’utilisation d’antagoniste NMDA, tel que l’amantadine ou la kétamine, ont permis de réduire voire dans certains cas traiter de façon prolongée les douleurs de patients neuropathiques (Curr Pharm Des, 2005;11:2977-94).

Le but de cette étude a consisté à évaluer chez l’animal les effets curatifs à long terme du protoxyde d’azote, un gaz possédant des propriétés anti-NMDA et anti-hyperalgésiques (Anesthesiology, 2005;103:845-54), dans un modèle de douleur neuropathique peu sensible aux analgésiques opioïdes.

Conformément au modèle de neuropathie périphérique reporté par Bennett et Xie, le nerf sciatique d’une des pattes postérieures des rats mâles Sprague-Dawley (n = 8 par groupes) a été ligaturé à l’aide de 4 fils de catgut chromé (5/0) sous halothane (2 %). Une semaine après la lésion nerveuse, les rats ont été exposés à un mélange gazeux 50/50 % N₂O/O₂ pendant 1h15. L’effet d’une seconde exposition au N₂O et d’une exposition à un stade avancé de la neuropathie (40 jours) a aussi été évalué. Le seuil nociceptif a été mesuré quotidiennement pendant plusieurs semaines par le test de Randall-Selitto.

Le résultat principal de cette étude est la réduction permanente de l’hyperalgésie (40 %) les jours suivant la première exposition au N₂O du côté du nerf lésé, et l’abolition de l’hyperalgésie du côté de la patte non lésée (hyperalgésie secondaire). Ces données pré-cliniques mettant en évidence un effet curatif à long terme d’un traitement au N₂O pourraient représenter une stratégie particulièrement bénéfique dans la prise en charge des douleurs chroniques neuropathiques.