L’influence des spondylarthrites (SpA) sur le cours évolutif de la grossesse reste peu documentée en raison de la sous-estimation des formes féminines de la maladie. Nous nous proposons à travers ce travail de comparer le déroulement de la grossesse entre les femmes atteintes de SpA et les témoins.

Il s’agit d’une étude transversale comparative incluant des patientes atteintes de SpA selon les critères ASAS 2009 et des témoins en bonne santé apparente appariées selon le sexe et l’âge. Toutes les femmes incluses avaient eu au moins une grossesse menée à terme. Toutes les femmes ont été invitées à répondre à un questionnaire concernant le déroulement de leur grossesse. Nous avons comparé les données du questionnaire entre les deux groupes.

L’étude a porté sur 27 femmes atteintes de SpA (spondylarthrite ankylosante n=17, rhumatisme psoriasique n=3, rhumatisme des entérocolopathies n=7) et 27 témoins saines. L’âge moyen des patientes et des femmes témoins était de 45,7±10 ans [25–60] et 34±6,1 ans [27–38] respectivement. Une forme axiale a été retrouvée chez 8 patientes, une forme périphérique chez 2 patientes, une forme axiale et périphérique chez 6 patientes et une forme enthésitique chez une seule patiente. La durée d’évolution de la maladie était de 10,8 ans [2–27]. Une sacroiliite radiographique a été retrouvée dans 44 % des cas avec un stade IV dans 14,8 % des cas. Un stade I, II et III ont été retrouvés dans 14,8 %, 3,7 % et 29,6 % des cas respectivement. La coxite était unilatérale dans 52 % des cas et bilatérale dans 25,9 % des cas. L’âge moyen de la première grossesse était de 28,9 ans [20–34] dans le groupe SpA et de 28,5 ans [25–36] dans le groupe témoin (p=0,6). Chez les patientes SpA, un antécédent de stérilité primaire a été retrouvé chez deux patientes. Cinquante-cinq pour cent des patientes ont eu au moins une grossesse au cours de leur maladie. Soixante et un pour cent des patientes avaient deux enfants ou plus. Les incidents au cours de la grossesse chez le groupe SpA étaient une fausse couche dans 11 % des cas, une grossesse arrêtée dans 7,4 % et une macrosomie dans 2 % des cas. Un accouchement par césarienne a été retrouvé dans 38,6 % des cas dû à l’atteinte des sacro-iliaques dans 16 % des cas. Les autres causes du recours à la césarienne dans le groupe SpA étaient un bassin transversalement rétréci (3 patientes), une grossesse gémellaire (2 patientes), une macrosomie (3 patientes) et des raisons indéterminées (2 patientes). Il n’y avait pas de corrélation entre les stades de sacroiliite et le recours à l’accouchement par césarienne (p=0,7). Les complications de l’accouchement chez les patientes SpA étaient une hémorragie de la délivrance dans 3,7 % des cas, une asphyxie périantale dans 1,9 % des cas et une dystocie dans 1,9 % des cas. Il y avait plus de césarienne dans le groupe SpA que le groupe témoin (p=0,000). Il n’y avait pas de différences statistiquement significatives entre le groupe SpA et le groupe témoin concernant les complications de la grossesse ou de l’accouchement. La poursuite du traitement au cours de la grossesse et l’allaitement a été retrouvée chez 4 patients (corticoïdes n=2, salazopyrine n=1, anti-inflammatoires non stéroïdiens n=1).

Notre travail avait montré que les patientes SpA n’étaient pas exposées à un risque plus important de survenue des complications de la grossesse ou de l’accouchement comparé à la population générale. Ceci pourrait être expliqué par les thérapeutiques disponibles permettant de mener à terme le projet de grossesse.