Les spondyloarthrites (SpA) correspondent à un groupe de rhumatismes inflammatoires chroniques dont la forme la plus caractéristique est la spondylarthrite ankylosante. La SpA étant une maladie chronique qui se déclare en général chez le jeune adulte, et qui cause une incapacité fonctionnelle importante ; par conséquent, elle va avoir souvent un impact négatif sur la productivité des sujets atteints et peut être fréquemment responsable de l’arrêt de travail des patients. Notre objectif est d’étudier le retentissement de la SpA sur la trajectoire professionnelle et l’employabilité.

Une étude transversale et rétrospective a été conduite auprès de 100 patients atteints de SpA âgés de moins de 60 ans, en activité ou non, recrutés dans un service de rhumatologie. L’activité de la maladie a été mesurée par le « Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity Index » (BASDAI) et « Ankylosing Spondylitis Disease Activity Score with CRP » (ASDAS-CRP). Le retentissement fonctionnel de la maladie a été mesuré par le « Bath Ankylosing Spondylitis Functionnel Index » (BASFI). Les patients ont été divisés en 4 catégories selon leur devenir professionnel : actifs employés, en arrêt définitif du travail, reclassement professionnel, retraité anticipé.

Cent patients ont été interrogés dont 73 hommes et 27 femmes avec un sexe-ratio H/F=2,7. L’âge moyen était de 43,68 ans. Parmi les 100 patients, 67 avaient une spondylarthrite axiale dont 23 associées à des manifestations périphériques, 17 avaient un rhumatisme associé à une maladie de Crohn et 16 étaient suivis pour un rhumatisme psoriasique. Les patients avaient un BASDAI moyen de 44 % (0–92 %) et un ASDAS moyen de 2,77 (0,58–5,42). Le BASFI moyen était de 46 % (0–92 %). Douze patients n’ont jamais travaillé dont 4 étaient en recherche d’emploi et 88 patients ont occupé au moins un travail dont : 58 % (51) étaient des employés actifs au moment de l’étude, 9,1 % (8) ont bénéficié d’un reclassement professionnel, 3,4 % (3) étaient parti à la retraite anticipée et 29,5 % (26) étaient en arrêt définitif de travail à cause de la SpA. Les différentes formes d’incapacité professionnelle étaient fortement corrélées à une maladie plus active et un retentissement fonctionnel plus important : BASDAI (p<0,001), BASFI (p<0,001) et ASDAS (p=0,015) élevés. Le tabagisme a été associé à l’arrêt de travail (p=0,023) ainsi que la présence de psoriasis. Les facteurs professionnels corrélés à l’arrêt de travail sont : les non-titulaires (p=0,011), le travail manuel (p=0,022), les mauvaises postures au travail (p=0,042) et le port de charges lourdes (p=0,001). La monotonie des gestes était associée à la retraite anticipée (p=0,001). Les problèmes relationnels (p=0,006), l’absence d’aide des collègues (p<0,001) et le stress au travail (p<0,001) étaient également fortement corrélés à l’arrêt définitif du travail.

L’arrêt prématuré d’activité chez des patients jeunes en âge de travailler est parmi les principales complications de la SpA sur le plan individuel et socioéconomique. Le diagnostic précoce, le contrôle de la maladie, la prévention du retentissement fonctionnel, l’arrêt du tabac et l’aménagement du poste de travail représentent les solutions pour prévenir cette complication.