Le catastrophisme est défini comme une réaction négative exagérée face à un stimulus anxiogène. Il est considéré comme un facteur cognitif d’importance dans les pathologies douloureuses.

Décrire la prévalence et les facteurs associés au catastrophisme dans la polyarthrite rhumatoïde (PR).

Étude prospective sur 1 an bi-centrique de patients suivis pour une PR. Cette analyse porte sur les données d’inclusion. Des données clinico-biologiques (EVA douleur/globale, articulations douloureuses/gonflées, CRP/VS, DAS28) et les résultats de questionnaires évaluant activité de la maladie (RAPID-3), catastrophisme (Pain Catastrophizing Scale, PCS), coping (CSQ), qualité de vie (Sf12, Eq5D, RAID), impact fonctionnel (HAQ), anxiété, dépression (HADS, GAD7), et insomnie (ISI) on été recueillies. Les analyses statistiques ont consisté en des analyses en composante principale, des tests de Chi², Fisher, Wilcoxon, Student, ANOVA et calcul de coefficients de corrélation pour les analyses univariées et en régressions linéaires et logistiques pour les analyses multivariées.

Un total de 201 patients porteurs de PR ont été inclus. Le score PCS médian était de 18/52 et la prévalence d’un niveau élevé de catastrophisme (PCS ≥20) était de 48,0 % IC95 %[41,0 ; 54,9]. Des analyses en composante principale étudiant catastrophisme et méthodes de coping ont montré une opposition entre des méthodes de coping maladaptatives telles que le catastrophisme et la prière et des méthodes plus adaptées (distraction, ignorance, ré-interprétation des sensations douloureuses). En analyse multivariée, le catastrophisme en continu, était associé significativement à l’anxiété, la dépression, l’impact fonctionnel et l’insomnie. Un niveau élevé de catastrophisme était quant à lui associé à l’anxiété avec un Odds Ratio (OR) de 1,25 IC95 %[1,18 ; 2,20], à la dépression avec un OR de 1,19 [1,07 ; 1,33] et à l’activité de la maladie (DAS28-CRP) avec un OR de 1,61 [1,18 ; 2,20].

Les données concernant la prévalence du catastrophisme sont cohérentes avec les données de littérature. Concernant les facteurs associés, l’anxiété est retrouvée associée au catastrophisme dans l’ensemble de nos analyses, cependant, c’est un facteur peu étudié dans la littérature. La dépression est quant à elle liée au catastrophisme de même que l’activité de la maladie et l’impact fonctionnel dans quelques études dans la PR et dans davantage d’études dans les pathologies ostéoarticulaires mécaniques. Le lien entre insomnie et catastrophisme a été très peu étudié jusqu’ici.

Près de la moitié des patients PR ont des scores de catastrophisme élevés, avec une association nette à différents paramètres rendant pertinent sa détection et sa prise en charge.