Les inhibiteurs de l’aromatase induisent une déplétion profonde des taux sériques d’œstrogènes. Les femmes atteintes d’un cancer du sein recevant un traitement par inhibiteurs de l’aromatase peuvent présenter un risque accru de fractures, en raison de la perte de l’effet protecteur des œstrogènes sur la densité minérale osseuse.

L’objectif de cette étude est de déterminer la prévalence des fractures vertébrales identifiées par la technique d’évaluation de la fracture vertébrale (VFA) chez les femmes subissant un traitement par inhibiteurs de l’aromatase pour le cancer du sein.

Nous avons mené une étude rétrospective comparative chez des femmes suivies pour cancer du sein où le traitement par inhibiteurs de l’aromatase est toujours en cours et chez des femmes sans cancer du sein et naïves du traitement par inhibiteurs de l’aromatase, avec une indication de l’évaluation des fractures vertébrales par absorptiométrie à rayons X dans les 2 groupes.

Présence de facteur de risque de l’ostéoporose fracturaire autre que le traitement par inhibiteurs de l’aromatase.

Nous avons inclus quarante femmes ménopausées. Vint patientes avaient un âge moyen de 63,2 ans et elles étaient suivies pour cancer du sein et sous traitement par inhibiteurs de l’aromatase. Vint patientes avaient un âge moyen de 63 ans et elles étaient naïves de ce traitement. Au niveau de la densité minérale osseuse, 55 % des patientes sous inhibiteurs de l’aromatase avaient une ostéoporose densitométrique, 35 % de ces patientes sont classées comme atteintes d’ostéoporose sévère, et 45 % des patientes sous inhibiteurs de l’aromatase avaient uniquement une ostéopénie à au moins un site. Par ailleurs, chez les patientes naïves de traitement par inhibiteurs de l’aromatase, l’ostéoporose sévère représente 30 % et les patientes avec ostéopénie représentent 40 %. La prévalence des fractures vertébrales objectivées par technique d’évaluation des fractures vertébrales était de 55 % chez les patientes sous inhibiteurs de l’aromatase, et de 50 % chez les patientes naïves d’inhibiteurs de l’aromatase. Chez les patientes sous inhibiteurs de l’aromatase, les fractures vertébrales objectivées par la VFA et ayant un grade 2 et 3 représentaient 50 % et elles étaient associées à un T-score entre −2,5 et −3 du rachis lombaire dans 5,5 %, un T-score <−3 du rachis lombaire dans 27,8 % et à une ostéopénie dans 16,7 %.

Le traitement par inhibiteurs de l’aromatase est associé à une prévalence élevée de fracture vertébrale objectivée sur la VFA, qui se sont avérées indépendantes des valeurs de la densité minérale osseuse pendant le traitement. Le traitement par inhibiteurs de l’aromatase ne fait pas encore partie des indications de l’évaluation des fractures vertébrales, cependant ces résultats peuvent être cliniquement pertinents car ils peuvent conduire à effectuer la VFA chez toutes les femmes subissant un traitement avec des inhibiteurs de l’aromatase.