Les lésions musculaires des ischio-jambiers sont fréquentes dans les sports impliquant de la course à grande vitesse et peuvent avoir diverses conséquences. Des programmes de prévention ont été élaborés pour réduire le risque de survenue de ces blessures, mais dans la pratique, et en dehors du contexte expérimental, leur efficacité semble encore insuffisante et l’incidence de ces blessures reste importante. Il est à présent admis que ces blessures sont d’origine multifactorielle, bien que de nombreuses études se soient intéressées aux facteurs biomécaniques et physiologiques, les facteurs psychologiques et environnementaux ont été peu traités jusqu’à présent dans le cadre de cette blessure spécifique.

Recueillir les sensations, les émotions, les pensées et les intentions de sportifs ayant subi une lésion musculaire des ischio-jambiers durant la séance et, plus particulièrement, les minutes précédant la survenue de la blessure.

Nous avons donc réalisé une étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés, réalisés auprès de sportifs de la région stéphanoise. Les participants ont été recrutés d’avril à septembre 2020. Les informations ont été recueillies jusqu’à suffisance des données retranscrites intégralement, et une analyse thématique a été réalisée à partir des entretiens.

Huit sportifs ont participé à cette étude. Deux principales notions ressortaient des entretiens : (1) celle de « dépassement des limites » : le sportif s’est blessé en cherchant à atteindre le maximum de ce qu’il pouvait faire, et (2) celle d’un certain « déni de la douleur » avec un évitement des perceptions des signaux douloureux qui précèdent le développement de la blessure.

L’identification de deux schémas cognitifs (intention de se dépasser et évitement des perceptions douloureuses) précédant la survenue d’une lésion des ischio-jambiers permet de mieux appréhender certains facteurs psychologiques de la survenue des blessures. Les résultats de cette étude offrent de nouvelles perspectives de prévention des blessures des ischio-jambiers.

Hamstring muscle injuries are common in sports involving high-speed running and can have a variety of consequences. Prevention programs have been developed to reduce the risk of occurrence of these injuries, but in practice and outside experimental contexts, their effectiveness still seems insufficient and their incidence remains high. It is now accepted that these injuries are multifactorial. Although many studies have focused on biomechanical and physiological factors, psychological and environmental factors have been little addressed so far. It would therefore seem important to learn more about these factors and the context of the injury to understand the origin.

To collect the sensations, emotions, thoughts and intentions of athletes who have suffered a hamstring muscle injury, during the session and more particularly the minutes preceding the onset of the injury.

We therefore carried out a qualitative study by semi-structured individual interviews carried out with athletes from the Saint-Étienne region (France). Participants were recruited from April to September 2020. Information was collected to sufficient data, transcribed in full, and a thematic analysis was carried out from the interviews.

Eight athletes took part in this study. Two main concepts emerged from the interviews: (1) that of “exceeding the limits”: the athlete was injured while trying to achieve the maximum of what he could do, and (2) that of a certain “denial of pain” with a failure to take into account the pain signals which may have preceded the development of the injury.

The identification of two cognitive patterns (intention to surpass oneself and avoidance of painful perceptions) preceding the occurrence of a hamstring injury allows us to better understand certain psychological factors present at the time of the occurrence of hamstring injuries. The results of this study offer new perspectives in hamstring injury risk reduction.