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Les terrasses fluviatiles quaternaires de la Somme à Abbeville : 150 ans de recherches mêlant géologie et archéologie, de Boucher de Perthes à aujourd’hui - 16/07/21

The Quaternary fluvial terraces of the Somme at Abbeville: 150 years of research mixing geology and archaeology, from Boucher de Perthes to today

Doi : 10.1016/j.anthro.2021.102906 
Jean-Jacques Bahain a, , Pierre Antoine b
a UMR 7194 « Histoire Naturelle de l’Homme Préhistorique (HNHP) » CNRS-MNHN-UPVD, Alliance Sorbonne Universités, Département « Homme et Environnement » du Muséum national d’Histoire Naturelle, 1, rue René-Panhard, 75013 Paris, France 
b Laboratoire de Géographie Physique : Environnements quaternaires et actuels, UMR 8591 CNRS-Université Paris 1-UPEC, 1, place Aristide-Briand, 92195 Meudon, France 

Auteur correspondant.
En prensa. Pruebas corregidas por el autor. Disponible en línea desde el Friday 16 July 2021
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Résumé

Les gisements paléolithiques associés aux formations fluviatiles fossiles de la Somme à Abbeville ont joué un rôle considérable dans la reconnaissance de l’ancienneté de l’Homme. Dès la fin du XVIIIe siècle, les travaux menés notamment par la Société d’émulation d’Abbeville furent à l’origine de l’émergence d’études dans la vallée de la Somme portant à la fois sur la Géologie du Quaternaire et la Préhistoire. C’est au sein de cette société savante que Jacques Boucher de Perthes initia dès 1837 ces recherches sur les célèbres localités de Menchecourt, de l’Hôpital et de Moulin Quignon. Ces observations furent rapidement confirmées par des géologues, tels qu’Albert Gaudry, Charles-Joseph Buteux ou Joseph Prestwich. C’est ce dernier qui fit connaître les gisements abbevillois au Royaume-Uni et ses observations furent utilisées dès 1859 par Charles Lyell pour démontrer l’antiquité des vestiges archéologiques qui avaient été récoltés sur ces localités. Les recherches menées dans la vallée de la Somme et en particulier à Abbeville, un temps freinées par la controverse liée à la découverte de la mandibule humaine de Moulin Quignon (1863–1864), qui décrédibilisa cette dernière localité pour longtemps, ne tardèrent pas à reprendre. Toutefois, si les travaux menés par Geoffroy d’Ault du Mesnil de 1875 à 1898 eurent le mérite de remettre au premier plan l’importance archéologique des gisements abbevillois et de laisser entrevoir la complexité de leurs enregistrements quaternaires, l’imprécision géographique et stratigraphique découlant de ces rares écrits couplée à l’abandon progressif des différentes gravières dont il suivit l’exploitation jetèrent un discrédit important sur ces découvertes et les observations stratigraphiques qu’il y avait faites. Les recherches menées par Victor Commont à la Carrière Carpentier entre 1904 et 1918, caractérisées au contraire par l’excellence des données stratigraphiques et iconographiques qu’il produisit pour chacun des sites étudiés et en raison de l’absence de découvertes archéologiques dans les niveaux fluviatiles qu'il étudia, allaient encore plus faire douter les préhistoriens suivants de la véracité des témoignages de d’Ault du Mesnil, malgré les efforts déployés par l’abbé Henri Breuil pour concilier celles-ci avec les observations de Victor Commont. Entre les deux guerres mondiales, Henri Breuil et Léon Aufrère reprirent l’étude des gisements abbevillois alors encore accessibles, tentèrent d’en assurer la préservation, via le rachat et le classement des carrières Carpentier et Léon, intervention décisive dans la réhabilitation archéologique de ces gisements. Ces recherches furent à l’origine des travaux chronostratigraphiques menés sur ces sites majeurs de la Préhistoire ancienne européenne jusqu’à aujourd’hui. Depuis une dizaine d’années, certaines de ces localités ont pu de nouveau être étudiées, permettant ainsi de confirmer en grande partie les observations faites par les anciens (Boucher de Perthes, d’Ault du Mesnil, Commont) et de valider la place majeure des localités abbevilloises dans la compréhension de la Préhistoire ancienne de l’Europe du nord-ouest.

El texto completo de este artículo está disponible en PDF.

Abstract

Paleolithic localities associated with fossil fluvial formations of the Somme River at Abbeville have played a significant role in the recognition of human antiquity. From the end of the 18th century, the work carried out in particular by the “Société d’émulation d’Abbeville” led to the emergence of studies in the Somme valley on both Quaternary Geology and Prehistory. It was within this scholarly society that Jacques Boucher de Perthes initiated his research on the famous localities of Menchecourt, Hospital and Moulin Quignon in 1837. These observations were quickly confirmed by geologists such as Albert Gaudry, Charles-Joseph Buteux or Joseph Prestwich. It was the latter who introduced the Abbeville deposits into the United-Kingdom scientist community and his observations were used as early as 1859 by Charles Lyell to demonstrate the antiquity of the archaeological remains collected from these localities. However, the controversy surrounding by the discovery of the human jaw of Moulin Quignon (1863–1864), which undermined the credibility of this locality for a long time, led to the decrease of the archaeological researches in the Somme valley, and in particular in Abbeville, but it then resumed quite quickly. However, if the work carried out by Geoffroy d’Ault du Mesnil from 1875 to 1898 had the merit to reaffirm the archaeological importance of the Abbeville deposits and to reveal the complexity of their Quaternary records, the geographical and stratigraphic imprecision resulting from these rare publications, coupled with the gradual abandonment of the various gravel pits whose exploitation he followed, cast a significant discredit on these discoveries and on the stratigraphical observations he made there. The researches carried out then by Victor Commont at Carpentier Quarry between 1904 and 1918 were characterized by the excellence of the stratigraphic and iconographic data he produced for each of the studied sites. However the absence of archaeological discoveries in the fluvial deposits he studied lead the prehistorians who succeeded him increasingly doubted of the veracity of Ault's observations, despite the efforts made by Abbé Henri Breuil to reconcile these with Commont's observations. Between the two world wars, Breuil and Léon Aufrère resumed the study of the Abbeville deposits then still accessible, tried to ensure their preservation, through the purchase and protection of the Carpentier and Léon quarries, a decisive intervention in the archaeological rehabilitation of these deposits. These works were at the origin of the chronostratigraphic studies carried out on these major localities of the ancient European prehistory until today. Over the past ten years, some of these localities have been studied again, thus largely confirming the observations made by the elders (Boucher de Perthes, d’Ault du Mesnil, Commont) and validating the major place of Abbeville in the understanding of ancient prehistory settlement of northwestern Europe.

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Mots clés : Vallée de la Somme, Abbeville, Alluvions fossiles, Préhistoire, Géologie du Quaternaire

Keywords : Somme Valley, Abbeville, Fossil fluvial deposits, Prehistory, Quaternary geology


Esquema

2010–2019 – La reprise des travaux

 Cet article est publié dans le cadre du dossier « État des connaissances sur la préhistoire et l’histoire des recherches en vallée de la Somme (XIXe–XXIe siècles) » coordonné par Arnaud Hurel, Jean-Pierre Fagnart et Noël Coye et réalisé au titre du colloque international « Toute une (pré)histoire en Somme » qui s’est tenu les 22–24 novembre 2018 à Abbeville (Somme, France).


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