Durant l’épidémie de la Covid-19 et lors des confinements, des fluctuations des dons de sang ont été observées, questionnant la continuité des réponses aux besoins. L’injonction de « rester chez soi » et la peur de la contamination ont découragé certains donneurs ; pour d’autres, la gravité de la situation a exacerbé leur propension à donner.

Afin de comprendre ces fluctuations – identifier qui a donné son sang et comment les raisons de donner se sont reconfigurées – nous avons réalisé une étude mobilisant méthodes quantitatives et qualitatives. Des questionnaires auprès de 15 391 donneurs de trois régions ont permis de cerner les profils de ceux qui ont donné pendant la pandémie. Une trentaine d’entretiens semi-directifs ont visé à approfondir comment les dons du sang ont été influencés par cette conjoncture spécifique.

Plusieurs ancrages construisant l’acte et les raisons du don ont été identifiés. Certains donnent parce qu’ils sont sensibilisés au travers de leur profession, d’autres parce qu’un de leurs proches a été transfusé. Le fait d’avoir un groupe sanguin recherché renforce le sentiment de la valeur du don et de responsabilité personnelle. L’acte de donner s’inscrit dans des transmissions familiales. À ces ancrages spécifiques, s’articule un ensemble de valeurs morales et de vie en société plus ou moins affirmées qui se déclinent autour des lexiques de l’altruisme, de la générosité, du civisme et de la solidarité. La pandémie n’a pas modifié la typologie de ces raisons du don, mais a révélé l’intensité des formes d’engagements qu’elles construisent, différenciant ceux qui ont renoncé à donner et ceux qui ont donné malgré ou en réaction au contexte de pandémie.