Les locuteurs dysarthriques atteints de maladie de Parkinson idiopathique (Dys-MPI) peuvent présenter un trouble de la fluence de la parole (TFacq) (Juste et al., 2018). Celui-ci partage des signes avec les troubles de la fluence de la parole neurodéveloppementaux (bégaiements, bredouillements) (TFdev) (Hartelius, 2014). Des similarités neurophysiologiques, telles des modifications de l’activité dopaminergique des noyaux gris centraux et de leurs réseaux cortico-sous-corticaux, sont également relevées chez les locuteurs TFdev et ceux avec MPI (Chang et al., 2020 ; Shahed et Jankovic, 2001). Ces éléments évoqueraient un lien éventuel entre les TFdev et l’apparition d’une MPI à l’âge adulte.

Cette étude de cas-témoin, prospective et rétrospective, vise (i) à déterminer la proportion de TFdev chez les Dys-MPI par rapport aux locuteurs contrôles neurotypiques, (ii) à étudier l’impact des facteurs : âge du diagnostic de la MPI, type du premier symptôme dysarthrique et proportion de TFacq, sur la présence de TFdev chez les Dys-MPI.

Cent un Dys-MPI et 124 locuteurs contrôles neurotypiques, ont répondu à un questionnaire sur leur parole actuelle et celle dans l’enfance. Trois juges ont réalisé une analyse perceptive d’enregistrements de parole continue des Dys-MPI, en période « on », avec la grille perceptive de la BECD (Auzou et Rolland-Monnoury, 2019).

Les Dys-MPI ont présenté un taux de TFdev plus important (15 %) que les locuteurs contrôles (6 %). Le délai d’apparition du premier symptôme de dysarthrie est plus court chez les Dys-MPI avec TFdev (2,93 ans) que chez ceux sans TFdev (5,82 ans).

Nos résultats viennent confirmer et compléter l’enquête d’Hartelius (2014) retrouvant une proportion notable de sujets parkinsoniens avec TFdev, mais non comparés à des locuteurs contrôles. Nos données restent toutefois à nuancer en raison du diagnostic rétrospectif de TFdev établi à partir d’un questionnaire.