Notre société est en constante évolution, ce qui fait d'elle une « société du risque » où chaque individu évolue avec sa propre représentation et perception du risque. Véritable « construit social », la représentation du risque est un élément fédérateur d'un groupe d'individus ou d'une société. Ainsi, les risques sont très présents, notamment dans les établissements de santé. Ces risques liés aux patients eux-mêmes, aux soignants, aux pratiques, aux traitements, aux matériels, aux différentes activités sont tous à prendre en considération afin d'assurer une prise en charge de qualité des patients, tout en préservant la sécurité des soignants. La gestion des risques est une notion dont l'apparition et le développement se font dans un contexte sociétal très évolutif. En effet, la place des usagers dans le système de soins et l'évolution de la réglementation de la sécurité sanitaire participent largement à la modification de la place du risque dans les établissements de santé. Cette thématique d'article a été conditionnée par les affaires de l'hiver 2008 : erreur de dosage médicamenteuse chez un jeune enfant, un patient en urgence vitale cardiaque « tourne » plus de 4 heures dans une ambulance en région parisienne avant de trouver une place en réanimation, une auxiliaire de puériculture se trompe de voie d'abord et injecte de l'alimentation entérale en parentérale, etc. Il est vrai que ces différentes affaires nous interpellent en tant que professionnels, mais aussi en tant que citoyens. La violence des répercussions ainsi que le retour médiatique et l'incrimination immédiate de ces personnels soignants ont marqué les esprits. La prévention des risques en santé est devenue aujourd'hui une exigence sociétale et les établissements de santé se doivent de la mettre en place et de la rendre opérationnelle pour les patients, qui sont au centre de ce système de soins. Les grandes crises des dernières décennies ont accéléré la mise en place de ce dispositif : Les crises du « sang contaminé », de la « vache folle », la canicule en 2003 ont amené à prendre conscience des effets indésirables liés aux actions de santé. L'hôpital a mis en place depuis quelques années la déclaration des événements indésirables. Au-delà de l'aspect procédurier, il est intéressant d'explorer les représentations qu'ont les acteurs du système de soins dans cette démarche de déclaration. Mais comment, à travers ces outils et cette nouvelle démarche qualité, véhiculer cette culture de l'erreur dans les services et dans le management des cadres de santé qui ont été peu habitués à cette démarche ? Quel est le rôle du cadre de santé, de l'institution, de la formation... mais aussi de la posture des acteurs, notamment des infirmiers dans cette nouvelle culture : « la culture de l'erreur ». Faut-il une acculturation ? Ce phénomène d'acculturation résulterait d'un contact continu et direct entre des groupes d'individus de cultures différentes et entraînerait des modifications dans les modèles culturels initiaux de l'un ou des deux groupes.