La douleur du malade est une effraction au cœur de son sentiment d’identité. Elle n’est pas cantonnée à un organe ou à une fonction, elle est aussi morale. Le mal de dent n’est pas dans la dent, il est dans la vie, il altère toutes les activités de l’homme. La douleur est toujours contenue dans une souffrance, elle est d’emblée une agression à supporter. Dans la maladie ou les séquelles d’un accident, la souffrance est vive. À l’inverse, dans des circonstances maîtrisées par l’individu, la souffrance est insignifiante et permet alors de connaître des situations limites, comme dans le sport extrême ou le body art, par exemple. La douleur projette l’individu hors de lui-même, le révèle, pour le meilleur ou pour le pire, à des ressources propres dont il ignorait l’existence.

The pain felt by a sick person is a breaking of one’s own identity. Suffering is not only the strict monopoly of one organ, or of some function, but it also has a moral dimension. A toothache is not only a simple organic ache; it is to be found in life itself, as it changes all the activities of the person concerned. Pain is always contained in suffering; first, it is an aggression one has to cope with. Throughout a disease, or in the aftermath of a fatal accident, suffering is sharp. On the contrary, in other circumstances that may be strongly controlled by an individual, suffering is insignificant, and allows one to experience extreme situations, as it is the case in extreme sports or in body art. In that case, pain is a projection of the individual out of themselves; it reveals new dimensions, for better or for worse, the existence of which he/she might have ignored.