De nombreuses affections du tube digestif comportent des manifestations cutanées qui peuvent être révélatrices, ce qui place le dermatologue en première ligne pour orienter vers la consultation de gastroentérologie. À l'inverse, le gastroentérologue est souvent confronté à des lésions cutanéomuqueuses pour lesquelles se pose la question d'une éventuelle relation avec une maladie digestive déjà connue. Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) représentent l'exemple caractéristique de cette nécessaire collaboration entre les deux spécialités. En effet, les manifestations cutanéomuqueuses sont parmi les plus fréquentes des atteintes extradigestives. Il s'agit le plus souvent d'aphtes, d'érythème noueux, de dermatoses neutrophiliques, de lésions granulomateuses spécifiques de la maladie de Crohn. L'épidermolyse bulleuse acquise, bien que rare, présente la particularité d'être associée dans 30 % des cas à une MICI. L'utilisation des anti-tumour necrosis factor constitue un progrès indéniable dans le traitement des MICI et des dermatoses associées. D'autres exemples de cette nécessaire collaboration peuvent être cités. Les infections bactériennes digestives, notamment les yersinioses et la maladie de Whipple, ont fréquemment une expression cutanée, dont la plus classique est l'érythème noueux. À côté des nombreux signes peu spécifiques du syndrome de malabsorption, certains aspects cliniques sont très évocateurs de carences sélectives comme celles en zinc et en acides gras essentiels au cours des cirrhoses, mais également des maladies de Crohn. La dermatite herpétiforme représente l'expression cutanée de l'entéropathie au gluten (maladie coeliaque) constamment associée, mais le plus souvent infraclinique. Les progrès récents de la génétique moléculaire permettent d'envisager un dépistage et une prise en charge précoce des polyposes digestives à expression dermatologique et d'autres syndromes familiaux dont les signes cutanés sont des marqueurs de néoplasie digestive. Enfin, certaines maladies rares comme les maladies de Degos et de Rendu-Osler peuvent être révélées par des manifestations digestives parfois graves. Dans le contexte de l'urgence, la découverte de signes cutanés permet d'en faire le diagnostic.