Art et sagesse des soins - 07/10/11
Avant de refermer ce livre, à l’aube du xxie siècle, j’aimerais dire combien retrouver ce qui fonde la nature des soins qui, de la naissance à la mort accompagnent les grands passages de la vie, présente une impérieuse exigence. À l’heure où s’imposent la biomédecine, le biopouvoir et le biopolitique que la clairvoyance du visionnaire Michel Foucault avait annoncés dès les années soixante-dix, où la vie et la mort deviennent marchandisées au point de « fabriquer de l’humain, de stocker des embryons par congélation, de ranimer l’inanimé, de maîtriser sa descendance, d’en modifier les caractères », en un mot de faire Main basse sur les vivants* , appelle plus que jamais à retrouver ce qui fonde la sagesse des soins et à se réapproprier leurs racines cosmiques.
Reprendre en considération ce qui donne naissance, retrouver le sens de la naissance apparaît une nécessité première comme le rappelle constamment avec insistance Hannah Arendt. Dès l’aurore de l’humanité les soins sont partis de la naissance pour permettre non seulement l’ÉVEIL à la vie, mais également l’insertion dans le tissu social et culturel afin de pouvoir EXISTER.
En mémoire de toutes celles et ceux qui par leurs soins ont fait naître à la vie… ont libéré des capacités à vivre, ont communiqué de la vie, ont permis de garder ou retrouver un sens à la vie, et avec toutes celles et ceux qui, aujourd’hui comme hier, prodiguent des soins porteurs de vie, que soit exprimé ce que représente prendre soin… donner des soins… soigner… ce verbe qui scande les étapes de la vie de chaque être humain en passant par être soigné… se soigner… soigner… révèle que :
Soigner…
– | se situe au carrefour de ce qui fait vivre et mourir… |
– | c’est communiquer de la vie |
– | c’est permettre d’exister |
– | c’est développer ce qui permet de vivre… |
– | c’est compenser ce qui fait obstacle à la vie… |
– | c’est accompagner les grands passages de la vie… les moments difficiles… la maladie… |
– | c’est mobiliser les capacités de vie existantes et/ou restantes… |
– | c’est aider à naître… et renaître… |
– | c’est accompagner la mort… |
– | c’est créer au quotidien. |
Cela demande de retrouver :
– | l’anima : le souffle de la vie, ce qui insuffle la vie et donne envie de vivre, |
– | la sagesse : ce qui a du sens, ce qui donne sens, |
– | la science : qui rejoint la sagesse, c’est-à-dire ce qui pose question, et comment se posent les questions, ce qui fait naître la co-naissance, |
– | l’art : ce que l’on façonne à partir de ce que l’on découvre de la vie, qui construit un savoir nourri d’émotions et de sentiments libérant une inventivité éclairée. |
Tout cela ne saurait se faire sans oser affermir et affirmer ce que comme femme ou homme, chacun, en soignant, peut apporter d’irremplaçable auprès de ceux dont la vie s’éveille, dont la vie s’épanouit, dont la vie se cherche, dont la vie s’éteint… en requérant les conditions indispensables pour le réaliser.
© 2001 Masson. Publicado por Elsevier Masson SAS. Todos los derechos reservados.
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