Longtemps centrée sur une approche biomédicale de la santé, limitée à une information sur les risques, et visant le changement de comportements individuels, l'éducation pour la santé a évolué pour devenir l'un des cinq axes d'intervention de la promotion de la santé. Cette évolution a été favorisée par le développement de concepts et de modèles spécifiques relevant de différentes conceptions de l'homme, de la société, de l'éducation et de la santé. Se situant dans une perspective de promotion de la santé considérée, non pas comme un but en soi, mais comme une ressource pour la vie, l'éducation pour la santé agit en complémentarité avec les mesures préventives et de protection de la santé, et prend en considération l'ensemble des déterminants de la santé. Elle vise l'acquisition, par les individus et les collectivités, des aptitudes leur permettant de s'impliquer dans les quatre autres axes de la promotion de la santé : contribution à des politiques publiques saines, création d'environnements physiques et sociaux favorables au bien-être et à la qualité de la vie, développement de la santé communautaire et de la démocratie sanitaire, réorientation des services de santé dans le sens d'une plus grande prise en compte des besoins des populations qu'ils servent. Privilégiant l'approche par lieux de vie ou par territoire à l'approche thématique et les méthodes de pédagogie active ou participative à l'approche injonctive, elle fournit un cadre conceptuel et méthodologique à des actions et programmes agissant sur les représentations, les connaissances et les compétences des individus et des groupes. Loin d‘une entreprise de domination ou d'aliénation de l'autre à sa propre conception de la santé et du sens de la vie, l'éducation pour la santé s'inscrit dans un engagement vers plus d'équité et de justice sociale, étayé par la mise en oeuvre de stratégies d'empowerment produisant des résultats significatifs en matière de santé publique, notamment parmi les populations les plus défavorisées.