Les études réalisées à ce jour pour évaluer l’intérêt d’un dépistage systématique de l’hépatite B et C en cas d’arthrite d’installation récente souffrent toutes d’un biais méthodologique important lié au recrutement hospitalier des malades. L’objectif de la présente étude consistait à évaluer la pertinence d’un tel dépistage réalisé par les rhumatologues hospitaliers et libéraux d’une région géographique prédéfinie pour le diagnostic étiologique des arthrites et polyarthralgies inflammatoires datant de moins d’un an.

Le CRRRI est un réseau qui rassemble la plupart des rhumatologues hospitaliers et libéraux d’une région de 506755 habitants. Nous avons inclus tous les malades vus par les membres du CRRRI dans le cadre de leur pratique habituelle entre mars 2008 et décembre 2010 pour des polyarthralgies inflammatoires, une monoarthrite, une oligoarthrite ou une polyarthrite, datant de moins d’un an. Nous avons recherché dans le sérum de ces malades des anticorps contre le virus de l’hépatite C (VHC) et les marqueurs d’infection par le virus de l’hépatite B (VHB) ; les prélèvements positifs pour les anti-VHC ont fait l’objet d’un test de transcription inverse suivie d’amplification par réaction en chaîne de la polymérase (RT-PCR) à la recherche d’ARN du VHC.

Nous avons inclus 233 malades (162 femmes et 71 hommes ; âge moyen, 50,6±15,8ans). La consultation était motivée par des polyarthralgies inflammatoires dans 51 cas, une monoarthrite dans 21 cas, une oligoarthrite dans 35 cas et une polyarthrite dans 126 cas. L’ancienneté moyenne des manifestations cliniques était de 19,8±29,8 semaines. Aucun nouveau cas d’infection à VHC ou VHB n’a été mis en évidence.

Dans cette étude dépourvue du biais qu’induit un recrutement hospitalier, le dépistage systématique des infections à VHC et VHB n’a pas contribué au diagnostic étiologique de manifestations articulaires d’installation récente.