Objectifs : Nous avons voulu évaluer la conduite diagnostique des médecins généralistes devant une poussée douloureuse d’arthrose et ses conséquences sur la prescription d’antalgiques. Cette enquête devait également permettre de confronter la pratique des médecins généralistes aux recommandations internationales récemment diffusées.

Méthode : Une enquête a été réalisée chez 4 720 médecins généralistes pendant 2 mois, dans le courant de l’année 2002, dans toutes les régions françaises, pour obtenir un échantillon représentatif des médecins généralistes français.

Résultats : 3 972 questionnaires (84,2 %) ont été retournés. La distinction douleur inflammatoire-douleur mécanique est un élément d’orientation diagnostique recherché par 98,1 % des médecins généralistes. À l’interrogatoire, les réveils nocturnes (46,2 %) et l’intensité de la douleur (25,6 %) sont les éléments principalement demandés. À l’examen clinique, les signes inflammatoires locaux (55,1 %) et l’épanchement (27,9 %) sont les signes les plus recherchés. Les examens complémentaires sont demandés dans 77 % des cas, essentiellement les radiographies standards (71 % des médecins) et l’IRM (9 %).

Pour 83,3 % des médecins, la douleur dans l’arthrose n’est pas toujours liée à l’inflammation. Cependant, dans la poussée douloureuse, seulement 31,2 % prescrivent un antalgique seul alors que 68,7 % d’entre eux traitent d’emblée par un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) (seul ou en association). Malgré tout, chez le sujet polymédicamenté, le paracétamol est prescrit en première intention dans 97,7 % des cas.

Conclusions :Chez les médecins généralistes français, l’arthrose en poussée douloureuse n’est pas considérée comme un phénomène inflammatoire mais est traitée principalement d’emblée par les AINS. Chez ces praticiens, les recommandations actuelles concernant la prise en charge de l’arthrose sont essentiellement appliquées chez les sujets polymédicamentés.

Objective:We evaluated the diagnostic practices of general practitioners for patients presenting an acute episode of osteoarthritis. We noted the effect of such practices on analgesic prescriptions and compared them with recent international guidelines.

Methods: A survey of 4720 general practitioners was conducted over a two-year period in 2002 in all regions of France. A representative sample of French general practitioners was obtained.

Results:The response rate was 84.2% (3 972 questionnaires). For 98.1% of the practitioners, the distinction between inflammatory pain and mechanical pain was a crucial diagnostic element. The practitioners mainly searched for nighttime arousal (46.2%) and pain intensity (25.6%). The physical examination searched for focal signs of inflammation (55.1%) and effusion (27.9%). Complementary examinations were ordered for 77% of patients, mainly plain x-rays (71% of physicians) and magnetic resonance imaging (9%). For 83.3% of the physicians, pain is not always linked to inflammation in osteoarthritis. However for patients with an acute episode of pain, only 31.2% prescribed an analgesic alone while 68.7% prescribed a nonsteroidal anti-inflammatory drug (NSAID) alone or in combination. It was nevertheless noted that for patients on multiple medications, acetaminophen was used as the first intention drug for 97.7%.

Conclusions: For French general practitioners, a painful episode of osteoarthritis is not considered to involve an inflammatory process but is treated mainly with NSAID. These practitioners mainly apply current guidelines for patients taking multiple medications