Si la focalisation de la société sur l'image idéale d'un corps jeune et beau et les progrès des techniques d'embellissement invitent tout patient en dermatologie esthétique à améliorer son image corporelle, la demande de chaque sujet est singulière, fonction de ses propres représentations psychiques et de son histoire de vie. Ces désirs ou besoins d'embellissement émergent le plus souvent lors de moments existentiels particuliers : périodes de remaniements identitaires et moments de fragilité narcissique (adolescence, vieillesse, rupture affective, maladie, etc.) où la relation à l'image du corps est mise en question. Ces demandes de modification de l'apparence sont le plus souvent raisonnables, mais parfois apparaissent irréalistes (demande démesurée, idéalisation du résultat, etc.), témoignant de la souffrance psychique qui engendre la demande. Cette souffrance parfois massive doit faire évoquer et rechercher une pathologie psychiatrique, notamment un trouble dépressif et/ou un trouble de la perception de l'image corporelle, en particulier la peur d'une dysmorphie corporelle. Repérer ces troubles peut permettre de protéger le patient en lui proposant une approche première psychothérapeutique, voire psychiatrique, afin d'éviter, en l'absence de prise en charge spécifique, une décompensation psychique, pouvant parfois conduire au suicide. C'est souligner que, en amont de l'acte esthétique proprement dit, le travail d'écoute de la demande, de ses motivations, du contexte dans lequel elle survient, ainsi que l'approche de la personnalité du patient et de son histoire sont fondamentales pour poser au mieux les indications thérapeutiques ou les réfuter.