Cet article propose une présentation des approches françaises de la psychiatrie transculturelle et interculturelle. Il commence par une introduction historique, faisant mention de l'influence des travaux de Kraepelin et de l'actualité des questionnements soulevés par sa démarche qui cherche à établir une nosologie psychiatrique universelle. Ensuite est traité l'impact du passé colonial sur la psychiatrie française. Pour cela, sont abordées les représentations de l'autre culturel qui ont été véhiculées dans la psychiatrie coloniale. L'expérience de l'école de Fann est également présentée, ainsi que son impact sur l'ethnopsychiatrie française. Dans la deuxième partie de l'article sont traitées les approches contemporaines de la psychiatrie transculturelle et interculturelle, qui s'intéressent à la particularité d'un travail clinique avec des personnes ayant une expérience migratoire. Le travail proposé par l'équipe du Centre Minkowska, qui s'appuie sur un travail pluridisciplinaire, articule une prise en compte de la situation sociale avec une réflexion sur la dimension culturelle qui s'inscrit dans la tradition de l'anthropologie médicale. Les travaux de Nathan s'appuient sur l'ethnopsychanalyse et l'ethnopsychiatrie de Devereux. Du fait des débats suscités par les propositions théoriques de Nathan qui ont marqué pendant une certaine période le champ de la psychiatrie transculturelle et interculturelle, les principales critiques formulées à l'encontre de cette approche sont également abordées. Deux types de réserves sont à distinguer : celles qui s'inscrivent dans l'anthropologie critique et celles de la clinique d'orientation psychanalytique. La dernière partie de l'article est consacrée, d'une part, aux travaux de Moro, qui reprennent certains apports de Nathan tout en introduisant des modifications importantes aux niveaux théorique et pratique à partir des critiques faites sur l'approche de ce dernier et, d'autre part, aux apports de la psychologie interculturelle.