Les troubles fonctionnels digestifs sont un motif fréquent de consultation auprès d'un gastroentérologue. Ils constituent un ensemble de syndromes classiquement dissociés en dyspepsie non ulcéreuse, douleur thoracique non angineuse, troubles fonctionnels intestinaux, en particulier syndrome de l'intestin irritable, tableau clinique le plus communément observé. Le syndrome de l'intestin irritable touche 10 à 20 % de la population avec une prédominance féminine. Il se caractérise par l'association de douleurs abdominales chroniques, de modifications de la fréquence et de la consistance des selles (diarrhée ou constipation ou alternance des deux) et de ballonnement abdominal. La physiopathologie du syndrome de l'intestin irritable est complexe, multifactorielle, considérée comme une anomalie des relations neurodigestives et assimilée à un modèle bio-psycho-social résultant de la conjonction de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux s'influençant mutuellement. Les émotions et les troubles de la régulation émotionnelle ont une place prépondérante. Un stress élevé et une comorbidité anxiodépressive sont fortement présents et il est important, en pratique clinique, d'évaluer ces phénomènes émotionnels pour une meilleure interprétation des signes cliniques digestifs et une meilleure appréciation des effets thérapeutiques et du pronostic. Les traitements du syndrome de l'intestin irritable se répartissent en traitement ciblant les symptômes, tels que les antispasmodiques, les antidiarrhéiques, les laxatifs, les antiballonnements. Ils peuvent être décevants ou d'efficacité temporaire. D'autres traitements sont orientés sur la physiopathologie de ce syndrome, tels que les antidouleurs à action spinale, les antidépresseurs. Les thérapies visant à développer les stratégies d'ajustement au stress et/ou à renforcer les émotions positives et/ou atténuer les émotions négatives ont toute leur place dans la prise en charge de ces patients. En particulier, les thérapies complémentaires, telles que l'hypnose et les thérapies comportementales et cognitives, ont montré leur efficacité.