L'avant-pied est une entité anatomofonctionnelle amortissante et propulsive composée de cinq chaînes cinématiques libres appelées rayons, c'est aussi un capteur sensitif et sensoriel pour la fonction d'équilibration. L'avant-pied est relié au reste du pied par le complexe articulaire de Lisfranc qui forme une voûte transversale à distance du sol en médial alors que les têtes métatarsiennes sont sur un même plan en appui au sol. C'est une structure déformable viscoélastique à géométrie variable. Il peut supporter des contraintes très importantes pendant des temps très brefs de quelques millisecondes. En tant qu'effecteur final du mécanisme neuromusculaire de la marche, il doit être capable de fournir de la puissance propulsive, de se rigidifier et de libérer progressivement ou instantanément ses degrés de liberté articulaire pour adapter sa forme. Ses 23 espaces articulaires à plusieurs degrés de liberté lui permettent des milliers de combinaisons pour la fluidité et la précision des mouvements. Si la mobilité de l'arrière-pied est unidirectionnelle vers le varus, la mobilité de l'avant-pied est bidirectionnelle permettant les mouvements de pronosupination. Son fonctionnement biomécanique est stéréotypé et semblable chez tous les individus, de même le trajet des barycentres, le déroulement des appuis, l'ordre de distribution des pics de pression, et l'adaptation à la vitesse de marche. En revanche, les distributions des pressions sont très variables chez un sujet donné, et d'un sujet à l'autre. De même, on observe des variations anatomiques et morphotypiques importantes. Au niveau du membre inférieur, il convient de préférer la stabilité à la mobilité. Si l'arthrodèse de la première articulation métatarsophalangienne peut se concevoir, en revanche au niveau de l'articulation de Lisfranc latérale et des articulations métatarsophalangiennes latérales, où la mobilité est fonctionnellement indispensable, leur blocage par fusion osseuse est incompatible avec la marche. La « parabole distale », formée par les métatarsiens et les articulations métatarsophalangiennes, est organisée en mécanismes résistants, fins et précis, pour répartir et diriger la charge. Son harmonie de forme est fondamentale. La fonction des orteils fait appel à un jeu musculaire puissant et subtil afin de garantir leur appui pulpaire indispensable pour une marche propulsive.