À l'articulation des milieux judiciaire, socioéducatif et sanitaire, la place du pédopsychiatre expert se modifie, en regard des réformes successives de la justice des mineurs et de la protection de l'enfance en danger. Initialement sollicité dans le cadre de l'expertise pénale d'auteurs ou de victimes d'infractions, l'expert pédopsychiatre a vu le champ de sa pratique s'étendre à d'autres domaines (expertises civiles en assistance éducative, expertises requises par le juge aux affaires familiales dans le cadre de séparations parentales conflictuelles, expertises en réparation de dommages, etc.). L'enjeu sécuritaire actuel et ses conséquences en termes de renforcement de la répression judiciaire conduisent à une sollicitation accrue des experts à tous les stades de la procédure, avec un modèle de droit pénal qui tend à s'aligner sur celui des majeurs. Le pédopsychiatre expert doit concilier les principes régissant la pratique de l'expertise sans déroger à ceux de la déontologie médicale. Outre la méthodologie rigoureuse de l'examen expertal, il doit tenir compte des spécificités développementales et maturatives de l'enfant ou de l'adolescent (niveau de développement psychoaffectif, cognitif, pregnance de la vie imaginaire, dépendance à l'environnement, etc.). Il doit respecter les principes d'impartialité et d'objectivité, et surtout veiller à éviter la confusion des rôles d'expert, de juge et de thérapeute. De récentes et douloureuses affaires (notamment le procès d'Outreau) ont mis en lumière les insuffisances quantitatives et qualitatives des experts et des expertises. Des réflexions conjointes entre juges et experts sont actuellement menées pour tenter d'élaborer des référentiels communs permettant de clarifier les demandes et les missions de chacun. Les formations diplômantes initiales et continues devraient favoriser parallèlement le développement de cet exercice spécifique dans le champ de la pédopsychiatrie.