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La contrainte consentie : après le DSM-5, quelle thérapie BDSM ? - 04/06/19

Consenting to constraint: After the DSM-5, how can we view BDSM Therapy?

Doi : 10.1016/j.evopsy.2018.10.006 
Bernard Andrieu a,  : Professeur de Philosophie des corps, Claire Lahuerta b : Professeur en Arts plastiques Esthétique, Asia Luy c : Praticienne
a EA 3625 « Techniques et Enjeux du Corps », UFR STAPS, Staps université Paris Descartes, Sorbonne Cité Paris, 1, rue Lacretelle, 75015 Paris, France 
b Université de Lorraine, EA 3476 CREM, UFR Arts, Lettres et Langues-Metz, France 
c Anvers, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

Le BDSM est un acronyme imbriqué faisant référence aux pratiques de bondage et de discipline, de domination et de soumission, de sadisme et de masochisme. L’American Psychiatric Association a « dépathologisé », après le DSM-IV, malgré sa justification clinique, le kinky sex — y compris le cross-dressing, les fétiches et le BDSM — dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquième édition (DSM-5). Désormais, les paraphilies sont considérées comme des « intérêts sexuels inhabituels ».

Méthodes

Plusieurs études psycho-sexologiques, que nous analysons ici, utilisent les pratiques sadomasochistes, dites BDSM (Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sadomasochisme) comme des études de cas psychiques, non plus comme comportements déviants, mais bien au contraire en termes de conduites « communes », car adoptées par un grand nombre d’individus. Ces individus utilisent la contractualisation consentie dans un cadre précis, qui peut être un apport considérable dans l’accueil thérapeutique.

Résultats

Plutôt que de les considérer comme une perversion, les études actuelles sur la psychiatrie du BDSM et la psychologie des subsexualities ont renversé l’analyse déviante en une étude scientifique des effets des pratiques BDSM notamment sur leurs bénéfices sur l’humeur, sur le stress ou sur la dépression.

Discussion

Le projet BDSM et thérapie est soucieux d’articuler les risques possibles du jeu BDSM et de clarifier les situations limites où le jeu BDSM n’est pas sain ou utile. La thérapie BDSM a-t-elle pour objectif de régulariser les pratiques BDSM et de les calibrer ? Certains membres de la communauté BDSM ont exprimé les points suivants : Des barrières sociales peuvent se développer entre soi et les amateur(e)s ; Aliénation et isolement par la stigmatisation qui peut produire des stéréotypes négatifs intériorisés ; Risques liés à des limites poussées trop loin (mal identifiées en amont) dans une scène ; Potentiel de déshumanisation et de destruction du BDSM dans certaines situations unsafe du BDSM.

Conclusion

La thérapie BDSM, tant dans la clinique que dans la pratique communautaire, repose sur le consentement et le respect des limites de chacun(e) (safe et secure). Le SM peut être une psychothérapie pour le/la soumis(e) mais aussi pour le/la dominant(e). La thérapie BDSM consisterait, par la contrainte, à modifier le sens de la souffrance corporelle pour transformer celle-ci : le BDSM n’implique pas nécessairement de douleur (fluctuant par exemple dans les pratiques de bondage ou de domination psychologique ; par ailleurs la dimension sexuelle y est très variée, parfois non génitale, voire absente). Pour fonctionner, le processus thérapeutique BDSM exige au moins trois conditions : (1) la relation BDSM engage un(e) dominant(e) et un(e) dominé(e) (volontaires) ; (2) ce binôme érotique fonctionne dans un cadre strictement codifié ; (3) le/la dominant(e) est « thérapeutisant(e) » en ce qu’il fait preuve d’empathie envers le/la dominé(e) ; le/la dominé(e) respecte les limites du/de la dominant(e) ; (4) le flux est à double sens avec les « souminatrices » par exemple, qui sont des soumises résistantes et désobéissantes, explorant leurs propres limites au contact du/de la dominant(e).

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objective

BDSM is a nested acronym referring to practices of bondage and discipline, domination and submission, sadism and masochism. In the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition (DSM-5), the American Psychiatric Association despite its clinical justification, has depathologized “kinky sex — including cross-dressing, fetishes and BDSM. Paraphilias are now considered as “unusual sexual interests”.

Method

Several psycho-sexological studies, which we analyze here, use sadomasochistic practices known as BDSM (Bondage, Domination, Sadomasochism) as psychic case studies, no longer as deviant behaviors, but on the contrary as “common” behaviors because they are adopted by a large number of individuals. These individuals use contracted consent in a specific context, with potential in a therapeutic context.

Result

Rather than considering these practices as a perversion, current studies on BDSM and the psychology of subsexualities have turned the analysis of deviance into a scientific study of the effects of BDSM practices, particularly their benefits on mood, stress or depression.

Discussion

The BDSM and Therapy project is also concerned with managing the possible risks of BDSM play and clarifying borderline situations where BDSM play is neither healthy nor useful. Does BDSM therapy aim to regulate practices and calibrate them? Members of the BDSM community have made the following points: Social barriers can develop between individuals and other followers; Alienation and isolation by way of stigmatisation, producing internalized negative stereotypes; The risk of extending boundaries too far in a scene; The potential for dehumanization and destruction in BDSM (unsafe situations).

Conclusion

BDSM therapy, both in clinical and in community practice, is based on consent. BDSM can provide a psychotherapy for the submissive subject, and also for the dominant character. BDSM, by way of the constraint involved, could alter the meaning of bodily suffering. BDSM does not always involve pain (it is for instance fluctuating in bondage or mental domination practices, and the sexual dimension varies considerably, and may be non-genital or even absent). In order to function, the BDSM therapeutic process requires at least three conditions: (1) the BDSM relationship involves a volunteering dominant and dominated; (2) this erotic pair acts in a strictly codified setting; (3) the dominant is “therapeutic” in that he/she shows empathy for the dominated.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Contrainte, Consentement, Psychothérapie, DSM-5, BDSM, Comportement sexuel, Nosographie psychiatrique

Keywords : Constraint, Consent, Psychotherapy, DSM-5, BDSM, Sexual behavior, Psychiatric Nosography


Plan


 Toute référence à cet article doit porter mention : Andrieu B, Lahuerta C, Luy A. La contrainte consentie. Après le DSM-5, quelle thérapie BDSM ? Evol psychiatr 2018 ; 84 (2) : pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique).


© 2018  Publié par Elsevier Masson SAS.
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Vol 84 - N° 2

P. 261-276 - avril 2019 Retour au numéro
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  • Bernard Andrieu, Claire Lahuerta, Asia Luy

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