Des progrès techniques considérables ont eu lieu dans les domaines hospitalier et médicosocial. Cependant, persistent des pratiques inappropriées sources d’effets indésirables et de violences. L’enjeu est de diminuer les risques, tout en protégeant ceux qui exercent. Le mot « maltraitance » a été utile dans les années 1990 pour faire connaître ces dérives ou négligences et inciter à leurs signalements et corrections. Aujourd’hui, ce terme peut porter tort aux professionnels et aux établissements. Englobant tout, il est à l’origine d’une confusion entre les pratiques inappropriées individuelles, les carences organisationnelles et des violences qui relèvent de la délinquance. Cette confusion banalise des délits et criminalise des actions inadaptées de professionnels ou d’organisations. Les liens évidents entre les pratiques professionnelles et les organisations sont fréquemment méconnus. C’est la structure qui devrait adapter les compétences, les effectifs et les locaux aux besoins des personnes à aider et à soigner. La maltraitance n’est pas qu’individuelle et le professionnel est souvent maltraitant malgré lui. Le risque est la désaffection de carrières devenues déshumanisées et stigmatisantes. La priorité est d’inverser cette tendance. Ces métiers relationnels du soin et de l’aide aux plus vulnérables doivent redevenir valorisants et attractifs. La terminologie a un rôle. Une première mesure serait de dépasser le mot global de maltraitance pour séparer l’intention de nuire des actions inappropriées et séparer aussi ce qui est organisationnel de ce qui est individuel. Des définitions basées sur les mécanismes et facteurs de risques seraient plus opérationnelles pour aller vers des pratiques professionnelles et des organisations mieux adaptées aux besoins.

There has been considerable progress in the hospital and medico-social area, but inappropriate practices still persist, leading to undesirable effects and violence. There is a need to reduce risks while at the same time protecting professionals. The term “ill-treatment” (and its French equivalent “maltraitance”) was used in the 1990s to draw attention to neglect and deleterious trends, and to encourage their notification and remediation. The term today can be unfair towards professionals and the facilities in which they work. It is all-embracing and thus generates a confusion between individual inappropriate practices, organisational failings and violence constituting criminal offences. The confusion trivialises criminal offences and criminalises ill-adapted behaviours by professionals or organisations. The obvious links between professional practices and their organisation are frequently misunderstood. It is the care facility that should suit competences, staff numbers, and premises to the needs of the people that it takes into care. Ill-treatment is not solely individual, and professionals are often perpetrators without realising it. The risk is that these careers will lose their attractiveness because they are dehumanised and stigmatising. There is an urgent need to reverse the trend. These relational professions in the area of care and assistance to the most vulnerable need to become rewarding and attractive, and here the terms used have a part to play. A first measure would be to go beyond the encompassing term of ill-treatment, distinguishing the notion of intention to harm from inappropriate actions, and also separating the organisational aspects from individual parameters. Definitions based on mechanisms and risk factors could be more operational in an attempt to move towards professional practices and organisational patterns that are better suited to the needs.